samedi 25 janvier 2025

Vaisselle

Vaisselle, vase, vaisseau : trois mots de significations complètement différentes et qui pourtant ont la même étymologie !

Ils dérivent tous trois du mot latin « vascellum » qui désignait un récipient et tout naturellement a donné notre vase (de fleurs). Mais au Moyen-Age, sur la table des festins trônait un grand vase contenant des assiettes, couteaux, menus objets pour le repas. Le contenant a finalement désigné le contenu … la vaisselle. Et comme il avait la forme d’un bateau, on l’a appelé vaisseau de table.

On en voit un bel exemple dans une illustration du célèbre manuscrit de 1410 « Les très riches heures du duc de Berry ». C’est une pièce d’orfèvrerie de prestige destinée à éblouir les invités.







Vaisseau de table (à l'extrême droite)

Autant savoir.

mercredi 22 janvier 2025

Avoir voix au chapitre

C’est, dans un groupe, avoir le droit de donner son avis, d’exprimer une opinion qui peut influer sur une décision à prendre. L’expression vient de la vie monastique.

Chaque abbaye avait sa salle du chapitre ou salle capitulaire. C’est là que se réunissaient les moines autour de leur Père Abbé pour prendre toutes les décisions sur la vie de la communauté. A cette occasion, on relisait régulièrement un chapitre de la règle monacale, d’où le nom de cette salle.

En temps normal, les moines devaient garder le silence mais lors de ces réunions, ils pouvaient demander la parole et s’exprimer : on avait « voix au chapitre », c’est l’origine de notre expression.

                         Salle capitulaire de l'Abbaye cistercienne de Fontenay en Bourgogne (XIIème siècle, style roman)

Autre détail intéressant : c’est l’assemblée des moines qui élisait le nouveau Père Abbé lorsque le précédent était décédé. A cette occasion, chacun avait le droit de voter, selon le principe « un homme une voix », un bel exemple de démocratie, bien antérieur à notre suffrage universel ! Et c’était également le cas pour les religieuses, les sœurs choisissaient leur Mère Abbesse.

Autant savoir.

 

 

 

vendredi 17 janvier 2025

« Spleen » de Baudelaire

Voici un extrait des « Fleurs du Mal » (1857), une poésie de saison en ces jours de froidure et de brouillard. Pas très gai mais que c’est beau !

« Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle

Sur l'esprit gémissant en proie aux longs ennuis,

Et que de l'horizon embrassant tout le cercle

Il nous verse un jour noir plus triste que les nuits ;

 

Quand la terre est changée en un cachot humide,

Où l'Espérance, comme une chauve-souris,

S'en va battant les murs de son aile timide

Et se cognant la tête à des plafonds pourris ;

 

Quand la pluie étalant ses immenses traînées

D'une vaste prison imite les barreaux,

Et qu'un peuple muet d'infâmes araignées

Vient tendre ses filets au fond de nos cerveaux … »

 

Les vers alexandrins sont passés de mode mais il faut reconnaître qu’ils font chanter la langue française et rendent inoubliables des textes comme celui-ci !

 « La poésie, c’est un sourire un jour de pluie » (Marie Rouille)

Autant savoir.

 

mardi 14 janvier 2025

Sourcier : à la recherche de l’eau

Autrefois, pour se fournir en eau, on creusait des puits. C’était le travail des puisatiers. Mais pour savoir où creuser, on avait recours aux sourciers. Ils se font plus rares aujourd’hui mais il y en a encore.

Ils sont réputés avoir un don particulier de radiesthésie qui leur permet de percevoir la nappe phréatique. Pour ce faire, ils s’aident d’un pendule ou plus souvent d’un bâton en forme d’Y. Le bois généralement utilisé est l’hamamélis qu’on appelle aussi faux coudrier (= faux noisetier) ou bois de sorcière (une déformation de « sourcière » !). Cette essence est considérée comme la meilleure pour transmettre les vibrations de l’eau souterraine.

Plusieurs études scientifiques récentes en laboratoire avec des sourciers réputés ont démontré le caractère aléatoire de leurs découvertes. Leur score de réussite dépasse à peine les 50 %. Probablement que sur le terrain, ils utilisent leur connaissance de l’environnement, du sous-sol et s’aident de leurs observations de la nature.

L’hamamélis ressemble au noisetier par sa forme et son feuillage mais il a la particularité de fleurir au milieu de l’hiver, une floraison jaune ou orangée dite « arachnéenne » (ayant la forme d’une araignée). A ne pas confondre avec le forsythia qui lui s’épanouit plus tard au printemps.

Autant savoir.

samedi 11 janvier 2025

La chasse aux sorcières… et aux chats

30.000, 40.000…70.000 ? On ne sait pas exactement, mais, au XVIème siècle, en Occident, des milliers de sorcières ont été condamnées au bûcher… et quelques rares sorciers aussi. Il fallait trouver des coupables aux famines ou aux épidémies.

Et bizarrement, les chats ont été également victimes de cette folie collective. Considérés comme des animaux démoniaques, ils étaient pourchassés ; sur certaines représentations, ils sont crucifiés, on les noyait aussi dans des sacs ou on les brûlait dans les feux de la Saint-Jean (au solstice d’été). A Ypres, lors du carême, ils étaient jetés dans le vide du haut du beffroi des Halles.

Une gravure de l’époque illustre bien cette cruauté, c’est le supplice d’une « sorcière » enfermée dans une cage avec une dizaine de chats au-dessus d’un bûcher !


Cette locution « chasse aux sorcières » désignait dans les années 1950 la croisade en Amérique contre tous ceux qu’on soupçonnait d’allégeance au communisme, une véritable paranoïa déclenchée par le sénateur McCarthy. Par extension, elle signifie maintenant la recherche systématique d’opposants ou de coupables.

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mercredi 8 janvier 2025

Croque-mort

Voilà une bien étrange appellation pour ceux qui prennent en charge la dépouille mortelle d’un défunt. On entend dire que pour s’assurer que l’intéressé était bien mort, il fallait lui mordre l’orteil ! Pittoresque explication mais bien entendu tout à fait farfelue.

Autre version également erronée : cela viendrait des cadavres pendus à des crocs pendant les périodes de peste.

Non, le croque-mort, c’est celui qui « mange » le corps, le fait disparaître … dans un cercueil puis dans la tombe.

Mais on peut aussi penser que le terme « croque » serait à rapprocher du verbe « escroquer » qui veut dire dérober, voler. Les employés des pompes funèbres de jadis avaient la sinistre réputation de faire main basse sur les objets personnels du trépassé, bijoux, argent, pièces de vêtement … Ils subtilisaient discrètement ce qui avait appartenu au mort ! C’est évidemment bien injuste pour ces personnes qui s’occupent dignement de nos disparus, mais c’est peut-être l’origine du mot.

« Lit de mort » de Edvard Munch (1863-1944) peintre norvégien auteur du tableau "Le Cri"

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samedi 4 janvier 2025

La bohème

Aznavour chantait :

 « Dans les cafés voisins / Nous étions quelques-uns / Qui attendions la gloire / Et bien que miséreux / Avec le ventre creux / Nous ne cessions d’y croire / Et quand quelques bistrots / Contre un bon repas chaud / Nous prenaient une toile / Nous récitions des vers / Groupés autour du poêle / en oubliant l’hiver / La bohème, la bohème / ça voulait dire tu es jolie / La bohème, la bohème / Et nous avions tous du génie. »

La bohème dans le langage courant, c’est la vie d’artiste, de saltimbanque, au hasard des rencontres. Le terme vient d’une région de Tchéquie où s’étaient réfugiés des nomades originaires de l’Inde, vivant dans des roulottes qui avaient été chassés de Grèce. Mais au début du XVème siècle, le roi de Bohème Sigismond 1er a voulu s’en débarrasser et c’est ainsi que ces gens du voyage sont arrivés en France où tout naturellement on les a appelés bohémiens. On a vite fait le rapprochement avec les troupes de comédiens qui allaient de ville en ville pour leurs spectacles, d’où le sens actuel qu’on retrouve dans la chanson d’Aznavour.

On les appelle aussi Gitans (<Egyptiens) parce qu’on croyait qu’ils venaient de ce pays ou Tsiganes (mot allemand dérivé lui aussi d’Egypte). De façon souvent péjorative, on parle de Manouches, Roms, Romanichels. Dans ces mots on retrouve la racine « manus » comme dans manuels, les gens qui travaillent de leurs mains.

Le compositeur Franz Liszt, d’origine hongroise, se sentait proche de ces nomades, il a écrit : « Le peuple bohémien est étrange, si étrange qu'il ne ressemble à aucun autre, en aucune chose. Il ne possède ni sol, ni cultes, ni histoire, ni code quelconque. Il continue d'exister en ne permettant à aucune influence, à aucune volonté, à aucune persécution, à aucun enseignement, soit de le modifier, soit de le dissoudre, soit de l'extirper. »

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mercredi 1 janvier 2025

Perce-neige

La fleur d’hiver par excellence c’est l’incontournable perce-neige qui pointe le bout de son nez en janvier. Il en existe 20 espèces (et beaucoup d’hybrides) cultivées par des passionnés appelés galanthophiles du nom scientifique latin de la plante : « galanthus » (littéralement « fleur de lait »).

Cette mini-fleur, symbole du renouveau de la nature et de l’espoir, est originaire de Turquie ; elle a été amenée en 1874 dans nos régions par le botaniste britannique Henry John Elwes.

Les collectionneurs gardent jalousement leur production. Les croisements étant très difficiles à réaliser, les bulbes rares sont onéreux; dans les bourses d'échanges, les prix peuvent s'envoler.

On peut en admirer de nombreux exemplaires à l’arboretum de Kalmthout (au nord d’Anvers) entre la mi-janvier et la mi-février où ils s’épanouissent au pied des hamamélis, un arbuste qui fleurit lui aussi au milieu de l’hiver.

Le mot « perce-neige » apparaît pour la première fois dans la littérature en 1641 dans la « Guirlande de Julie », un recueil de poèmes sur les fleurs écrits par un aristocrate qui voulait ainsi déclarer sa flamme à la « merveilleuse Julie », la fille du Marquis de Rambouillet.

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samedi 28 décembre 2024

A quel âge sommes-nous le plus heureux ?

 

Voici un extrait d’un article d’Anaëlle G paru sur le net dans « The Body Optimist » :

« Le bonheur est un concept évolutif qui varie au fil de l'âge et des expériences. Mais une récente étude menée par des chercheurs allemands et suisses, publiée dans la revue « Psychological Bulletin », s'est penchée sur cette question complexe pour déterminer le moment de la vie où nous nous sentons le plus épanouis.


Selon les chercheurs, le bien-être émotionnel fluctue tout au long de la vie, influencé par des relations, des carrières et des événements majeurs. L’étude a analysé trois composantes principales du bien-être subjectif :

-                 La satisfaction de la vie : notre évaluation globale de la qualité de notre existence.

-                 Les états émotionnels positifs : joie, gratitude, enthousiasme.

-                  Les états émotionnels négatifs : tristesse, anxiété, colère.

Avec un échantillon impressionnant de 460 000 participants issus de différentes cultures, les résultats offrent une vision claire de ces tendances.

D’après l’étude, l’âge où les gens sont le plus heureux est 70 ans. La satisfaction de la vie atteint son apogée à cet âge, après avoir légèrement augmenté à partir de 16 ans. Toutefois, après 70 ans, elle commence à diminuer doucement jusqu’à 96 ans.

Cet âge semble marquer une période de contentement, liée à des facteurs tels que la stabilité financière, des relations solides, et une approche plus philosophique de la vie. À 70 ans, les priorités changent, et les défis de la jeunesse ou du milieu de vie sont souvent remplacés par un sentiment d’accomplissement. »

Autant savoir.

 

 

mercredi 18 décembre 2024

Les trois statues "Pis" de Bruxelles

Le Manneken-Pis est mondialement connu. Cette amusante statuette de 50 cm de haut est un peu l’emblème du Bruxelles gouailleur et populaire. Situé rue de l’Etuve au cœur de la vieille ville depuis 1619, ce petit bonhomme urinant dans une fontaine (souvent appelé le petit Julien) possède une garde-robe impressionnante, des cadeaux de nombreuses associations ou métiers.

Mais en 1985, « afin de restaurer l’égalité homme-femme », disait-il, un restaurateur de l’îlot sacré, Denis Debrouvie, a eu l’idée de la « Janneke-Pis ». Cette statuette de même taille que son pendant masculin est installée près de la célèbre rue des Bouchers dans l’Impasse de la Fidélité. Et sans doute vu le nom de cette ruelle, les couples de passage jettent dans la vasque une pièce de monnaie, symbole de vœu de fidélité.

Dans le même esprit « zwanze » bruxellois, on trouve rue du Marché-aux-Grains « Het Zinneke-Pis » : un chien levant la patte contre un poteau. Un zinneke dans le langage local désigne un chien de race indéterminée fruit de nombreux croisements. Etymologiquement, c’est « un chien errant le long de la Senne », sans doute qu’ils y étaient nombreux autrefois avant le voûtement du cours d’eau.

PS : Le restaurateur Denis Debouvrie à l’origine de la « Janneke-Pis » a été retrouvé assassiné en 2008 dans un appartement de la rue des Bouchers.

Autant savoir.

dimanche 15 décembre 2024

Sainte Rita et Saint Antoine

Sainte Rita, c’est la patronne des causes désespérées. Dans nos campagnes, il n’est pas rare de trouver une chapelle qui lui est consacrée. On l’intercédait pour les malades ou les personnes en détresse mais aussi dans des occasions plus futiles comme un simple problème qu’on croit insoluble. Il y avait même une prière spécifique à sainte Rita pour la réussite d’un examen !

Sainte Rita de son vrai nom Marguerite Mancini a vécu de 1381 à 1453 à Cascia au nord de Rome. Elle a d’abord été mariée et mère de famille avant d’entrer dans les ordres après la mort de son mari assassiné. Au milieu de terribles conflits familiaux, elle a fait preuve de douceur, de patience et est parvenue à réconcilier de farouches adversaires, voilà sans doute la raison pour laquelle elle est la patronne des causes désespérées. On lui attribue plusieurs miracles et son corps est conservé dans un sarcophage en verre à Cascia au milieu de la basilique qui a été construite en son honneur.

                                              Tombeau de Ste Rita à Cascia

Dans la croyance populaire, il y a un autre saint que l’on invoque dans un cas bien particulier : quand on a perdu un objet ! C’est Saint Antoine de Padoue, il est censé aider à retrouver ce qu’on a égaré. De façon humoristique, on dit : « Saint Antoine de Padoue, grand voleur, grand filou, rendez ce qui n'est pas à vous ! »

Rien dans la vie de ce moine portugais né à Lisbonne en 1195, explique cette dévotion pittoresque. C’était un théologien, éminent prédicateur qui a été conseiller du Pape et a combattu l’hérésie cathare. Il a fondé un monastère à Brive-la-Gaillarde avant de se retirer à Padoue en Vénétie où il est mort en 1231 à l’âge de 36 ans.

Autant savoir.                                                                                                                                            

 

  

jeudi 12 décembre 2024

Fleurs de Noël

Rares sont les plantes qui fleurissent au milieu de l’hiver. Il y en a quand même trois très populaires qu’on retrouve dans les jardineries en fin d’année.

D’abord l’étoile Noël très caractéristique avec ses feuilles rouges. Elle est cultivée en pot. On l’appelle aussi poinsettia ou euphorbe écarlate.

Ensuite le cactus de Noël, une plante grasse d’intérieur qui s’épanouit quand les jours sont les plus courts. Son nom scientifique est le schlumbergera.

Enfin la très rustique rose de Noël, c’est une hellébore (ou ellébore) de jardin avec souvent des fleurs blanches mais il existe des variétés roses ou mauves.

Dans l’Antiquité, on utilisait l’hellébore pour combattre les accès de folie et c’est ainsi qu’est née l’expression « il a besoin de deux grains d’(h)ellébore » pour quelqu’un de déraisonnable ou d’insensé. Elle se retrouve dans la célèbre fable de Jean de La Fontaine « Le lièvre et la tortue » : « Ma commère, il vous faut purger / Avec quatre grains d’ellébore » dit le lièvre à la tortue qui le défiait à la course.

Autant savoir.

dimanche 8 décembre 2024

Être médusé

Encore une expression venue du fond des âges. Méduse était dans la mythologie grecque une très belle jeune-fille que le dieu Poséidon avait introduite dans le temple d’Athéna. Par jalousie, cette dernière métamorphosa Méduse en un monstre aux yeux perçants avec une chevelure hérissée de serpents : tout qui la regardait était changé en pierre. Elle sera finalement décapitée par Persée.

De cette légende vient l’expression « être médusé » quand on est frappé de stupeur et qu’on ne sait plus quoi faire. Il y a aussi bien sûr le nom donné à cet étrange et gélatineux animal marin, la méduse dont les baigneurs redoutent la piqûre des tentacules.



Mais le récit antique ajoute que Persée a offert la tête de Méduse à Athéna qui l’a placée au centre de son bouclier, c’est l’égide qui assurait sa défense. C’est pour cela que de nos jours, on dit qu’on se met sous l’égide de quelqu’un quand on veut bénéficier de sa protection.

Dernière précision mythologique : les Anciens racontaient que le sang de la tête de Méduse se répandant avait donné naissance au corail

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dimanche 1 décembre 2024

« Rappelle-toi Barbara » Jacques Prévert, 1946

Ce poème a été repris (lu ou chanté) par différents artistes : d’abord Yves Montand puis Mouloudji, les Frères Jacques, Serge Reggiani… On ne connaît pas l’identité de cette Barbara. Plusieurs Brestoises se prénommant Barbara ont écrit à Prévert qu’elles se reconnaissaient dans cette évocation mais l’écrivain n’a jamais donné suite. 

Rappelle-toi Barbara / Rappelle-toi Barbara

Il pleuvait sans cesse sur Brest ce jour-là / Et tu marchais souriante

Epanouie ravie ruisselante / Sous la pluie

 

Rappelle-toi Barbara / Il pleuvait sans cesse sur Brest

Et je t'ai croisée rue de Siam / Tu souriais / Et moi je souriais de même

 

Rappelle-toi Barbara

Toi que je ne connaissais pas / Toi qui ne me connaissais pas

Rappelle-toi / Rappelle-toi quand même ce jour-là / N'oublie pas

Un homme sous un porche s'abritait / Et il a crié ton nom / Barbara

Et tu as couru vers lui sous la pluie/ Ruisselante ravie épanouie

Et tu t'es jetée dans ses bras

 

Rappelle-toi cela Barbara / Et ne m'en veux pas si je te tutoie

Je dis tu à tous ceux que j'aime / Même si je ne les ai vus qu'une seule fois

Je dis tu à tous ceux qui s'aiment / Même si je ne les connais pas

 

Rappelle-toi Barbara / N'oublie pas / Cette pluie sage et heureuse

Sur ton visage heureux / Sur cette ville heureuse / Cette pluie sur la mer

Sur l'arsenal / Sur le bateau d'Ouessant

 

Oh Barbara / Quelle connerie la guerre / Qu'es-tu devenue maintenant

Sous cette pluie de fer / De feu d'acier de sang

Et celui qui te serrait dans ses bras / Amoureusement

Est-il mort disparu ou bien encore vivant

 

Oh Barbara / Il pleut sans cesse sur Brest / Comme il pleuvait avant

Mais ce n'est plus pareil et tout est abîmé

C'est une pluie de deuil terrible et désolée

Ce n'est même plus l'orage / De fer d'acier de sang

Tout simplement des nuages / Qui crèvent comme des chiens

Des chiens qui disparaissent / Au fil de l'eau sur Brest

Et vont pourrir au loin / Au loin très loin de Brest

Dont il ne reste rien.

 

"Paroles", 1946.

Jacques Prévert (1900-1977)


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lundi 25 novembre 2024

Le héros de l’Yser

Octobre 1914 : submergées par l’offensive allemande, les troupes belges sont repoussées derrière l’Yser. Le roi Albert 1er, commandant des armées, décide d’inonder la région pour arrêter l’envahisseur, mais comment faire ? Les militaires font appel à Hendrik Geeraert, un ancien batelier désœuvré qui s’adonnait à la boisson mais qui connaissait le réseau complexe d’écluses et de vannes. Et pendant plusieurs nuits de suite, au péril de sa vie sous le feu ennemi, il va ouvrir les vannes à marée montante puis les refermer au jusant. Le 30 octobre, l’opération a réussi : l’eau s’étend sur 25 Km de long et 6 de large entre Nieuport et Dixmude. Les Allemands ne franchiront jamais ce barrage.

Après l’armistice, de nombreux Belges ont voulu voir ce champ de bataille. Hendrik Geeraert servait volontiers de guide en racontant ses exploits notamment au café « L’Eclusier » à Nieuport. A sa mort en 1925, considéré comme un héros, il aura des funérailles nationales. Le roi lui-même viendra s’incliner devant son cercueil. En 1950, des billets de 1.000 francs seront imprimés avec son effigie.

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samedi 23 novembre 2024

Césarienne, les Césars et Jules César

« Rendons à César ce qui est à César »

La méthode d’accouchement, dite césarienne, n’a évidemment rien à voir avec ce personnage de l’Antiquité romaine. Le mot vient du latin « caesus » qui veut dire « coupé ». Une naissance par incision.

Quant aux « Césars », ces récompenses cinématographiques en France, le pendant aux « Oscars » américains, ils ne sont pas non plus une référence au vainqueur de la guerre des Gaules. Non, cela vient du sculpteur César (1921-1998) : c’est une de ses œuvres qui est remise comme trophée aux lauréats.


En revanche, César qui veut dire empereur, cela vient bien de Jules César qui après son assassinat en 44 avant JC était resté prestigieux : les empereurs romains se sont attribué ce titre.

On retrouve la racine dans le « Kaiser » allemand et le « tsar » russe.

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mercredi 20 novembre 2024

Saint Verhaegen

Chaque 20 novembre, les étudiants bruxellois de l’ULB fêtent la « Saint Verhaegen » du nom du fondateur de l’Université Libre de Bruxelles. Il n’y a bien sûr pas de Saint Verhaegen au calendrier, c’est un rappel de la date de création de l’ULB, le 20 novembre 1834. Théodore Verhaegen, homme politique farouchement anticlérical, a voulu une université libre en opposition à l’université de Louvain devenue catholique en 1830 à l’initiative des évêques de la nouvelle Belgique. Pour lui, pas de dogme religieux dans l’enseignement qui doit être laïc, basé sur la libre pensée.










Statue de Théodore Verhaegen devant l'ULB

L’université de Louvain a vu le jour en 1425. Il avait été question de l’installer à Bruxelles ou à Malines. Bruxelles refusa : dans son « Histoire de la Belgique », Georges Dumont écrit que les bourgeois craignaient pour la vertu de leurs filles ! Quant à Malines, elle préféra recevoir l’organisation de foires, c’était bien plus lucratif. Et c’est ainsi que pendant des siècles, Louvain fut la grande ville universitaire de nos contrées.

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vendredi 15 novembre 2024

Hamburger

Son origine est allemande et comme son nom l’indique, il provient de la ville d’Hambourg où c’était, au XIXème siècle, un plat pour ouvriers : un steak haché grillé servi entre deux morceaux de pain, le tout agrémenté de sauce. Et les immigrés allemands aux Etats-Unis ont apporté avec eux ce genre de restauration rapide et bon marché qui est devenu populaire grâce aux marchands ambulants de New York… et aux frères Richard et Maurice McDonald qui dans les années 1940 ont développé le fast-food avec un réseau de franchisés, d’abord aux Etats-Unis puis à l’international.

Le hamburger (ou burger) concurrence maintenant le sandwich qui a une origine plus lointaine,1762 ! En cette année-là, dans un pub londonien, pendant une partie de whist passionnante, les joueurs ont faim. Le comte de Sandwich, ne voulant pas quitter la table de jeu, se fait apporter deux tranches de pain garnies de roastbeef froid et fromage. Trouvant cela pratique, ses partenaires font de même, apprécient le mets et congratulent notre Lord. Peu à peu, l’usage s’en est répandu avec bien sûr de nombreuses variantes et on l’a baptisé du nom de cet aristocrate qui est ainsi passé à la postérité.  

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mardi 12 novembre 2024

Utopie

Idéal irréalisable, projet fou… Ce mot a été inventé par Thomas More pour le titre de son ouvrage « Utopia » paru en 1516. Il a créé ce terme en s’inspirant du grec. Littéralement, il veut dire « pas de lieu », autrement dit « nulle part »., un endroit qui n’existe pas.

Dans ce conte philosophique, l’auteur décrit un pays imaginaire où les habitants sont tous égaux, vivent en paix, où il n’y a ni argent ni propriété privée, où règnent la tolérance et le souci de l’intérêt général.  Ce monde merveilleux, il l’a rêvé, Thomas More, mais la dure réalité de l’Angleterre d’Henry VIII était bien différente de son Utopie.

Arrêté en 1535 sur ordre du roi parce qu’il désavouait son divorce et était opposé au schisme anglican, il finira sur l’échafaud, la tête tranchée à la hache.







Portrait de Thomas More par Hans Holbein

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samedi 9 novembre 2024

Hot dog

Aux USA, le mot « dog » désigne une saucisse et ce depuis le milieu de XIXème siècle. A cette époque, il se disait que de la viande de chien était utilisée par les fabricants de saucisses. Cette sans doute plaisanterie est à l’origine du nom « hot dog » donné à une saucisse grillée fourrée dans un pain brioché.

On attribue sa création à un Allemand Charles Feltman : en 1867, dans sa roulote à Brooklyn il grillait des saucisses de Frankfort servies dans un sandwich. Et le succès venant, il créera à partir de 1871 plusieurs restaurants où l’on servait des « red dogs ». La formule se répandra un peu partout et le terme évoluera en « hot dog » et selon les pays, la garniture change : moutarde, choucroute, ketchup, mayonnaise, différentes sauces.

Les Québécois ont adopté la traduction littérale, pour eux, c’est un « chien chaud ».

Autant savoir.

 

Clouer le bec

C’est réduire au silence quelqu’un et on l’a bien compris, le bec ici c’est la bouche. Quant au clouer, c’est une simple déformation du verb...