C’est une histoire rocambolesque. Durant la Révolution française, en 1791, la Convention nationale décide de supprimer la toise, mesure utilisée sous l’Ancien Régime, et de la remplacer par le mètre qui existait déjà mais de dimension contestée. Afin qu’il devienne la référence universelle, l’Assemblée stipule que le mètre sera « la dix-millionième partie du quart du méridien terrestre ». Beau principe, mais encore faut-il connaître la longueur de ce méridien !
Deux scientifiques (Delambre et Mechain) sont mandatés pour calculer
(en toises !) l’arc de cercle de Dunkerque à
Barcelone qui servira de base à cette opération : savant et complexe travail
d’arpenteur qui durera six ans, à travers champs, bois, villages, montagnes ; Dechambre
et Mechain ont même connu le cachot : on les avait pris pour des malfaiteurs !
Finalement, en extrapolant la distance obtenue, ils ont conclu que la longueur
totale du méridien autour du globe était de 20.522.960 toises. En divisant
par 40.000.000, on arrive à notre mètre actuel !
Le 4 messidor an VII (22 juin 1799), la Convention entérine
officiellement ce résultat et pour servir d’étalon, un mètre de platine
est déposé aux Archives nationales.
La toise de jadis
correspondait à l’envergure des bras d’un homme écartés à l’horizontale. Sa
dimension exacte variait de région à région. Dechambre et Mechain ont employé
la toise du Pérou, la norme utilisée par l’explorateur Charles de La
Condamine qui au XVIIIème siècle avait mesuré le méridien du Pérou jusqu’en
Laponie.
La toise, environ 1,90m
Nous est restée l’expression « passer sous la toise
» quand on veut connaître la taille d’un individu.