mardi 20 juin 2023

Hasard et dés à jouer

« Alea jacta est » (=le sort en est jeté) aurait dit Jules César en franchissant avec ses légions le fleuve Rubicon, ce qui était interdit dans la Rome antique. Le mot « alea » signifiait en latin le destin, le hasard : il est passé tel quel en français (les aléas de la vie) et dans l’adjectif aléatoire. Mais un alea désignait aussi le dé à jouer. Ce jeu se pratiquait déjà à cette époque, il est même bien plus ancien puisqu’on retrouve sa trace au 2ème millénaire avant notre ère en Inde !


Quant au mot « hasard », il vient de la langue arabe « az-zahr » qui désignait à l’origine le jeu de dés.

Ces petits cubes ont 6 faces numérotées de 1 à 6 : les points sont disposés de façon que l’addition des faces opposées donne toujours 7.

De nos jours, on les retrouve partout dans les jeux de société mais aussi sur le comptoir de nombreux bars avec le 4/21 : le meilleur score est d’arriver à faire en maximum trois lancers la combinaison de 4, 2 et 1.

Autant savoir.

 

lundi 19 juin 2023

Attila et les Huns

Attila a laissé l’image d’un barbare sanguinaire. Les chroniqueurs du Moyen-Age le surnommeront « le fléau de Dieu », le fléau étant un outil qui servait à battre les céréales pour en extraire le grain.

Et pourtant, de lignage noble, il a été éduqué à Constantinople à la cour impériale. Revenu dans la région des Carpates, il rassemble les Huns sous son autorité et en 441, mène une razzia dans l’empire d’Orient. Il s’en prend ensuite à la Gaule en semant la terreur sur son passage. Metz est mise à sac puis il met le siège devant Lutèce (Paris) en 451. Celle qui deviendra Sainte Geneviève, persuade ses concitoyens de ne pas fuir. Par miracle, les Huns se retirent. Le général Gallo-Romain Aetius parvient ensuite à les repousser près de Troyes aux « champs catalauniques ». Cela n’empêchera pas les Huns de ravager l’Italie jusqu’à Rome où le pape Léon Ier les dissuade d’attaquer la ville. Ils regagnent finalement les rives du Danube où Attila meurt de façon mystérieuse en 453. Avec lui, disparaît l’empire qu’il avait créé.


                                 Attila et les hordes de Huns (Eugène Delacroix, 1834, décor du Palais Bourbon à Paris)

Les Hongrois considèrent Attila comme un héros national et les Huns comme leurs ancêtres. Hongrie ou Hungaria, c’est le pays des Huns et Attila y est un prénom populaire.


Autant savoir.

 

mercredi 7 juin 2023

Aragon et Brassens « Il n'y a pas d'amour heureux »

C’est un poème de Louis Aragon paru en 1943 et que Brassens mettra à son répertoire en 1953. Pendant l’Occupation, Aragon, communiste convaincu et membre de la Résistance, vivait caché chez un ami à Paris avec son épouse Elsa Triolet d’origine russe pour laquelle il écrira le recueil de poésie « Les yeux d’Elsa ». Mais en 1943, il était question qu’ils doivent se séparer, pour des raisons de sécurité, d’où ce texte d’une mélancolie poignante… La séparation n’aura pas lieu ; jusqu’à la mort d’Elsa en 1970, ils resteront un couple uni donnant l’image d’un amour heureux contrairement aux paroles de cette chanson.

 







Louis Aragon et Elsa Triolet

« Rien n'est jamais acquis à l'homme ni sa force / Ni sa faiblesse ni son cœur et quand il croit / Ouvrir ses bras son ombre est celle d'une croix / Et quand il croit serrer son bonheur il le broie / Sa vie est un étrange et douloureux divorce / Il n'y a pas d'amour heureux (…)

Le temps d'apprendre à vivre il est déjà trop tard / Que pleurent dans la nuit nos cœurs à l'unisson / Ce qu'il faut de malheur pour la moindre chanson / Ce qu'il faut de regrets pour payer un frisson / Ce qu'il faut de sanglots pour un air de guitare / Il n'y a pas d'amour heureux (…)

 Mais c'est notre amour à tous les deux »

Louis Aragon (1897-1982)

Pour écouter Brassens  https://youtu.be/VtMBlr_DRjQ


Autant savoir.

 

lundi 5 juin 2023

La langue « française » d’aujourd’hui

Dans le langage courant, nous utilisons souvent des mots ou expressions qui ne se trouvent pas (encore ?) dans le Larousse ou le Robert. Par exemple : c’est fastoche au turbin mais pas question d’une sèche ou d’une clope … pas mal la nana dans sa bagnole avec son cleps … mon pote et mon frangin ont de nouvelles fringues … ma bécane s’est plantée … je suis paumé, plus de fric ou de pèze, bon pour la taulecasse-toi… etc.

Mais les jeunes d’aujourd’hui aussi imaginatifs que leurs aînés (les darons, les parents) ont pris le relai avec d’autres tournures : le boulot est devenu le taf, le flic s’est transformé en keuf, aimer c’est kiffer un mec ou une meuf, parfois on kiffe grave, ça fait flipper ce truc de ouf, c’est naze, merdique, relou et quand tout est foutu, c’est niqué ! Quel langage chelou de taré …

Faut rester cool … ce ne sont que quelques exemples : dans les textos, c’est pire encore, incompréhensible pour les non-initiés…












Autant savoir.

vendredi 2 juin 2023

Payer en espèces

C’est payer en épices ! Chacun sait combien les gens du Moyen Age et à la Renaissance étaient friands des épices venant d’Orient. Bien sûr, on cultivait chez nous des aromates mais des marchands ont importé de ces contrées lointaines le poivre, la cannelle, le gingembre, le curcuma… toutes des plantes aromatiques « spéciales » (du latin species) ce qui a donné le mot « épices » apparu vers 1150. C’était très cher, réservé aux fortunés et elles pouvaient servir de monnaie d’échange… d’où notre expression.


Et comme « payer » vient du latin « pacare » (=faire la paix), cette tournure veut dire littéralement « faire la paix grâce aux épices ». C’est vrai que payer ses dettes permet d’éviter un conflit !

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dimanche 28 mai 2023

Bistrot

Quelle est l'origine du mot bistrot qui peut aussi s’écrire bistro ?

Voici l’étymologie donnée par le site consacré à l’histoire www.herodote.net :

« A la suite de la chute du 1er Empire, les Russes occupent Paris. Dans les tavernes, les Cosaques se montrent particulièrement assoiffés : « Bistro ! Bistro ! », crient-ils sans trêve (« Plus vite que ça ! » en russe), d'où le nom de bistrot que l'on donnera désormais aux estaminets... »

Explication amusante … réfutée par tous les linguistes sérieux. Mais ceux-ci n’en proposent aucune autre d’incontestable. Il y a bien celle du dictionnaire « Bloch & Wartburg » qui fait le rapprochement avec « bistraud », autrefois un gardien de troupeau dans le Poitou et le mot aurait été adopté par le monde vinicole : le « bistraud » serait devenu, chez un marchand de vin, l’employé chargé de servir les candidats acheteurs et c’est ainsi qu’il aurait fini par désigner un débit de boisson.

Un peu compliqué… Alors pourquoi pas l’allusion aux Cosaques ? En tout cas, le terme est à la mode : on parle maintenant de la « bistronomie », pour les brasseries qui se veulent gastronomiques.


                                            Scène de bistrot, détail du tableau « L’absinthe » d’Edgar Degas (1876)

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samedi 27 mai 2023

Le vélo ou « la petite reine »

On raconte que c’est à la reine Wilhelmine des Pays-Bas (1880-1962) que l’on doit cette appellation « petite reine ». Quand elle accède au trône en 1890, elle n’a que dix ans et à cette époque, la bicyclette commençait à être à la mode. La jeune Wilhelmine adorait se promener à vélo et ses sujets l’appelaient affectueusement la petite Reine à bicyclette. En 1898, quand elle se rend en visite officielle à Paris, la presse lui donne le surnom « la Reine bicyclette ». Au début du XXème siècle, les Français ont oublié Wilhelmine mais l’expression est restée et transformée en « petite reine » pour désigner le vélo.


                                                                          La reine Wilhelmine à bicyclette

Belle histoire mais est-ce là l’origine de l’expression ? Il y a en tout cas une autre explication moins jolie mais plus plausible. Ce serait une formule inventée par un journaliste sportif Pierre Giffard : en 1891, il a publié un ouvrage intitulé « La reine bicyclette » avec en couverture une jeune dame portant un vélo… et elle n’a nullement les traits de Wilhelmine dont Giffard ignorait sans doute l’existence ! La reine des Pays-Bas n’y est vraisemblablement pour rien dans cette tournure « petite reine », mais son amour du vélocipède a certainement contribué à faire de la Hollande, le pays du vélo.

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mercredi 24 mai 2023

La Gaule et le coq gaulois

Avant la conquête romaine, les territoires occupés par des peuplades germaniques au sud du Rhin étaient appelés « Walha » en langue celte. Le latin a déformé le mot qui est devenu « Gallia ». Naturellement, les Romains ont fait le rapprochement avec « gallus » (le coq en latin) et c’est ainsi qu’ils désignaient de façon ironique les habitants de ces régions au-delà des Alpes, les « Galli », les coqs.


Au Moyen-Age, le terme « Gaule » a quelque peu disparu au profit de « Francie », le pays des Francs. Il faut attendre la Renaissance pour que des lettrés latinistes remettent à l’honneur « nos ancêtres les Gaulois » et c’est ainsi que le coq est devenu un animal emblématique pour les rois de France. Bonaparte a préféré l’aigle, mais le coq est revenu avec la Restauration et s’est imposé en République Française … et bien plus tard est devenu le symbole de la Wallonie.


Dans ce « Walha », on retrouve la racine du mot « Wallon », ainsi que du « Waals » néerlandais et du « Wales » anglais (le pays de Galles).


Autant savoir.

dimanche 21 mai 2023

Une voix de stentor et un œil de lynx

Voici deux expressions qui nous viennent des lettrés de la Renaissance. A cette époque, il était de bon ton de montrer qu’on avait une culture gréco-latine : on faisait volontiers allusion aux auteurs anciens ou à un épisode de la vie des dieux de l’Antiquité.

« Une voix de stentor », c’est une voix forte, puissante qu’on entend de loin…comme celle de Stentor, le héraut de l’armée grecque lors de la guerre de Troie. « Sa voix de bronze faisait autant de bruit que cinquante hommes » écrit Homère dans l’Iliade.

« Un œil de lynx » : contrairement à ce que semble suggérer l’expression, le lynx n’a pas une vue particulièrement perçante. Pour trouver l’origine de cette formule, il faut se référer à la mythologie grecque et à la conquête de la toison d’or par Jason et les Argonautes. De cette histoire compliquée de dieux et héros légendaires, retenons simplement que le pilote du bateau de Jason s’appelait Lyncée, et lui, il avait une vue extraordinaire ; il pouvait voir au travers de la brume et même des rochers. Avec le temps, Lyncée est devenu lynx …

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mardi 16 mai 2023

La tulipomania

La tulipe est originaire de Turquie, son nom vient d’ailleurs du turc et signifie « en forme de turban ». Elle a été introduite dans les pays occidentaux par Charles de l’Ecluse, qui était professeur à l’université de Leyde aux Pays-Bas. Il a fait planter les premiers bulbes dans le jardin botanique de l’université en 1593.

A partir de 1634, un véritable engouement se crée autour de la tulipe. De partout des demandes affluent… et les prix montent. C’est ce qu’on appellera la « tulipomania ». Le paroxysme de cette frénésie aura lieu en 1636. On parle de prix affolants, des bulbes rares valant plusieurs fois le salaire annuel d’un ouvrier ! Mais au printemps 1637, c’est l’effondrement des cours et la faillite de certains spéculateurs.


Depuis lors, la Hollande est devenue le pays des tulipes et on peut les admirer dans le magnifique écrin qu’est le parc du Keukenhof à Lisse entre Amsterdam et La Haye.

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dimanche 14 mai 2023

Être aux trousses de quelqu’un

C’est être à sa poursuite. Et quand on a quelqu’un à ses trousses, c'est qu'on est talonné, pourchassé. Pour comprendre, il faut savoir qu’au XVIème siècle, les trousses c’est l’autre nom du haut-de-chausse, une sorte de pantalon court « retroussé » qui peut ressembler à une petite jupe ; notre expression veut donc dire suivre quelqu’un très près, « à la culotte » dit-on aussi.


                                                   Le roi Henri IV et des courtisans en trousses ou haut-de-chausse

A l’origine, il y a le verbe latin « torsare » qui signifiait tordre, courber dont on a tiré beaucoup de dérivés : la torsade, trousser ou retrousser mais aussi la trousse par exemple du médecin : cela vient de l’époque où les déplacements se faisaient à cheval : on attachait les bagages sur la croupe de l’animal à l’aide de cordelettes tressées, tordues … des trousses ; et le terme s’est appliqué ensuite aux bagages eux -mêmes. Quant au trousseau de la mariée, c’est à l’origine un coffre qui recelait tout ce que l’heureuse élue emportait avec elle pour commencer sa nouvelle vie d’épouse.

« La mort aux trousses », est un film d’Albert Hitchcock en 1959, avec une scène célèbre : Gary Grant poursuivi par un avion biplan.


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lundi 8 mai 2023

La justice et les réseaux sociaux

Dans nos pays occidentaux, l’appareil judiciaire est d’une lenteur insupportable et d’une complexité incompréhensible pour le commun des mortels. L’erreur de procédure et le dépassement du délai de prescription ne sont pas rares, on se demande parfois où est la recherche de la vérité, dans ce « machin » comme aurait pu dire de Gaulle. Sans parler de certains procès d’assises interminables et dispendieux alors que, par manque de moyens, les dossiers non traités s’accumulent pour être finalement reportés « sine die » …


"Le défenseur", caricature d'Honoré Daumier (1808-1879)

Mais les temps modernes ont créé une justice beaucoup plus rapide, plus expéditive, celle des médias et des réseaux sociaux. Là il suffit d’une rumeur, d’une photo (vraie ?), d’une « révélation » faite par un journaliste ou un quidam sur internet, et le verdict est déjà tombé. L’intéressé n’a aucune possibilité de défense. Les accusateurs sont légion, pleuvent les invectives et les injures… C’est le lynchage, la corde comme au bon vieux temps du Far West.

Tout compte fait, c’est quand même mieux la lenteur de nos tribunaux. Comme l’écrivait Voltaire déjà au XVIIIème siècle : « Un jugement trop prompt est souvent sans justice ».


Autant savoir.

 

dimanche 7 mai 2023

Mettre sa main au feu

Si l’on est absolument certain de ce que l’on avance, on dit qu’on mettrait sa main au feu. Sans le savoir, on fait ainsi allusion à une méthode de la justice médiévale. Afin de déterminer si un suspect était coupable ou innocent, le magistrat ou l’inquisiteur pouvait lui imposer l’ordalie (< du latin « ordalium » = jugement).

L’ordalie était appelée le jugement de Dieu. L’accusé était obligé de saisir à main nue une barre de fer rougie au feu et si après trois jours, la plaie paraissait se cicatriser, l’intéressé était déclaré innocent. Dieu était intervenu en sa faveur ! Dans le cas contraire, sa culpabilité était prouvée …


Ordalie par le feu (Manuscrit du XIIème siècle)

A l’époque de Charlemagne, une autre forme d’ordalie était pratiquée pour départager deux opposants qui s’accusaient mutuellement. Ils étaient tous les deux ligotés à des poteaux séparés avec les bras libres qu’ils devaient garder à l’horizontale, le plus longtemps possible. Était déclaré coupable le premier qui fléchissait, qui cédait. C’est d’ailleurs de là que vient notre expression « baisser les bras ».

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jeudi 4 mai 2023

Mettre les pieds dans le plat et prendre son pied



Dans une conversation, mettre les pieds dans le plat c’est aborder un sujet délicat de façon directe, sans précaution quitte à faire une « gaffe ». Autrefois on parlait même de mettre les pieds dans le plat de la soupe ! Et pourtant l’origine de l’expression n’a rien de culinaire. Il faut savoir qu’au XIXème siècle, on utilisait souvent le mot « plat » pour une étendue d’eau de faible profondeur et si l’on patauge dedans, l’eau devient trouble, boueuse. Voilà d’où vient cette tournure.


Il y a de nombreuses expressions avec le mot pied. Par exemple « prendre son pied » qui veut dire prendre du bon temps, on dit même que « c’est le pied » pour un moment de plaisir ! Mais cela n’a rien à voir avec nos orteils ! Un pied est également une unité de mesure, encore en vigueur outre-Manche. Autrefois, à l’époque des brigands, pirates ou corsaires, lors de la répartition du butin, on disait qu’on avait son pied quand on avait reçu son compte, sa ration et qu’on en était content, pleinement satisfait !

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mardi 2 mai 2023

Cathédrale d'Albi

La cathédrale Ste Cécile d’Albi dans le Tarn date du XIVème siècle, de l’époque gothique, et pourtant par son aspect extérieur, elle est totalement différente des cathédrales de Reims, Amiens, Orléans ou Notre-Dame de Paris. Elle ne ressemble à aucune autre : massive comme une forteresse et entièrement en briques rouges, c’est d’ailleurs la plus grande église construite dans ce matériau.


Mais étonnant aussi, c’est l’intérieur polychrome : murs et plafonds sont entièrement recouverts de fresques. Et c’est ainsi qu’étaient décorés beaucoup d’édifices religieux autrefois. Avec le temps, ces peintures ont souvent disparu pour laisser la pierre nue, une sobriété que nous apprécions aujourd’hui.


Vue de l'intérieur de la cathédrale d'Albi

Pour les fidèles du Moyen-Age, souvent illettrés, fresques, tableaux et vitraux étaient comme des bandes dessinées qui leur racontaient l’évangile et la vie des saints. On peut imaginer que lors des offices, on commentait ces images, on se parlait, le silence n’était sans doute pas de rigueur comme de nos jours.

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vendredi 28 avril 2023

Empereur romain, un métier dangereux

 

Hormis quelques usurpateurs du titre mais non-reconnus, on dénombre 83 empereurs qui se sont succédé à Rome entre l’intronisation d’Auguste en 27 avant JC et 476, date à laquelle a été déposé Romulus Augustule par des Barbares sous la conduite d’Odoacre. Cette date marque la fin de l’empire romain d’Occident.

La comptabilité des causes de leurs morts est étonnante :

32 ont été assassinés, souvent par leur propre garde prétorienne, 6 ont été exécutés sur ordre du Sénat ou de l’armée, 5 se sont suicidés… pour éviter l’exécution ou l’assassinat.

6 ont été tués lors d’une bataille et 1 a fini ses jours en captivité, probablement également assassiné.


Sur les 83, il n’y en a que 30 qui sont décédés de mort naturelle, dont 3 de la peste.

Ce n’était pas la « Pax Romana » pour tout le monde !

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mardi 25 avril 2023

Pet-de-nonne


Pittoresque appellation pour ce petit beignet sucré à base de pâte à choux qui a la particularité d’être soufflé et qui, sous la dent, donne l’impression de se dégonfler. 

Cette fuite de gaz expliquerait-elle la genèse de cette expression ?


 Voici l’histoire qui se transmet de génération en génération.

Sœur Agnès, une religieuse de l’Abbaye de Marmoutier près de Tours aurait, en pleine préparation culinaire, a laissé échapper une flatulence particulièrement sonore et, gênée et perturbée, aurait fait tomber un bout de pâte à choux dans un récipient rempli de graisse bouillante. Ce qui aurait donné cette pâtisserie … et son nom. Amusante anecdote, mais bien sûr peu vraisemblable !

Autre hypothèse : le terme est une déformation de « Paix des Nonnes ». A la fin du Moyen-Age, deux couvents rivaux en proie à une méchante querelle auraient finalement fait la paix en échangeant des victuailles avec des desserts et notamment cette douceur. Une explication qu’on trouve dans un document du XVème siècle.

Mais selon le Dictionnaire historique Robert, un texte de1393 appelle ce dessert « Pet d’Espaigne » (sic), ce qui lui donne une origine ibérique. Peut-être que c’est simplement un petit chou espagnol adopté par des cloîtrées qui en étaient devenues friandes ?

L’origine de cette gourmandise reste donc un peu mystérieuse mais a émoustillé l’imagination populaire et c’est ainsi que, selon les régions et les époques, les dénominations ont varié : pet de vieille, soupir de nonne, beignet venteux et même, allez savoir pourquoi, pet de putain

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vendredi 21 avril 2023

« Le train de la vie » de Jean d’Ormesson

Ce texte bien connu d’une sagesse simple et lucide sur la vie, la mort est de Jean d’Ormesson, écrivain et philosophe, décédé en 2017. Membre de l’Académie française, il était souvent invité dans les émissions télévisées et savait captiver son auditoire par son parler vrai, son érudition, son humour, sa vivacité d’esprit.


« A la naissance, on monte dans le train et on rencontre nos parents. On croit qu'ils voyageront toujours avec nous. Pourtant, à une station, nos parents descendront du train, nous laissant seuls continuer le voyage.

Au fur et à mesure que le temps passe, d'autres personnes montent dans le train. Et elles seront importantes : notre fratrie, nos amis, nos enfants, même l'amour de notre vie.

On ne sait pas à quelle station nous descendrons, donc vivons heureux, aimons et pardonnons. Il est important de le faire car lorsque nous descendrons du train, nous ne devrons laisser que de beaux souvenirs à ceux qui continueront leur voyage. 

Aussi, merci d'être un des passagers de mon train. Et si je dois descendre à la prochaine station, je suis content d'avoir fait un bout de chemin avec vous ».

Jean d’Ormesson (1925-2017)

Quelques mois avant qu’il ne « descende du train », il avait publié un récit autobiographique intitulé « Je dirai malgré tout que cette vie fut belle ».

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mercredi 19 avril 2023

Rabattre son caquet

Les poules caquettent, le caquetage c’est donc le langage des gallinacées. Et par extension c’est un bavardage, souvent féminin, futile et volontiers méprisant : on babille, parlote, on échange des commérages ou des ragots… Et si l’on a affaire à un vantard qui relate ses « exploits » en long et en large, on peut lui rabattre le caquet, avancer des arguments contradictoires, lui clouer le bec, faire en sorte qu’il soit moins prétentieux.


De nombreuses églises du centre de la France ont un caquetoire, une sorte d’auvent, une galerie couverte où les fidèles pouvaient s’abriter et surtout « caqueter », faire la conversation avant, après ou même, pour certains, pendant l’office.



Le caquetoire de l’église de Brinon-sur-Sauldre


Existe aussi une caquetoire ou une caqueteuse : une chaise basse avec accoudoirs et dossier haut, une pièce de mobilier des châteaux, manoirs ou maisons bourgeoises de jadis.






Une caquetoire du XVIème siècle.


Extrait de la fable « Le Singe et le Dauphin » de Jean de La Fontaine : « … Et qui caquetant au plus dru / Parlent de tout et n’ont rien vu. »

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lundi 17 avril 2023

Eminence grise

On emploie cette expression pour désigner un conseiller secret qui, dans l’ombre, est le mentor caché d’une personnalité publique. Cela vient du Père Joseph, un Capucin qui a vécu dans la première moitié du XVIIème siècle et qui était entré au service de Richelieu, le puissant ministre du roi de France Louis XIII. Toujours revêtu de la bure grise de son ordre, il a joué un rôle important dans les relations diplomatiques de son époque. On le disait aussi influent que Richelieu lui-même.


Détail d'une estampe du XVIIème siècle représentant le Père Joseph

Selon certaines sources, le Père Joseph aurait été, à la fin de sa vie, élevé au rang de Cardinal, d’où son titre « Eminence » avec le « grise » qui rappelle son statut de Capucin. Mais d’autres prétendent qu’il n’a jamais reçu cette distinction et qu’on l’appelle ainsi parce qu’il était le bras droit de Richelieu, surnommé l’Eminence rouge, rouge comme sa soutane de Cardinal.

Autant savoir.

 

Les trois statues "Pis" de Bruxelles

Le Manneken-Pis est mondialement connu. Cette amusante statuette de 50 cm de haut est un peu l’emblème du Bruxelles gouailleur et populaire...