vendredi 10 mars 2023

Léo Ferré et son chimpanzé

Léo Ferré et son épouse Madeleine, tous deux passionnés par les animaux, ont adopté en 1961 un bébé chimpanzé femelle qu’ils ont baptisé « Pépée ». Ils l’ont élevée, traitée comme leur fille, comme si c’était un être humain. On raconte qu’elle partageait leurs repas, avait sa place à table même s’il y avait des invités. Et cela a duré sept ans. Mais Pépée devenue plus forte, moins docile, parfois agressive, provoquait pas mal de dégâts. La cohabitation est bientôt devenue orageuse. Léo Ferré a fui son domicile devenu un enfer, abandonnant Madeleine et le chimpanzé qui est décédé quelque temps plus tard. 


Cette rupture serait à l’origine de sa chanson « Avec le temps » sur l’amour perdu (l’amour de Madeleine… et de Pépée ?) dont voici quelques extraits :

« Avec le temps... / Avec le temps va tout s'en va / On oublie le visage, et l'on oublie la voix…

Avec le temps... / Avec le temps va tout s'en va / L'autre qu'on adorait, qu'on cherchait sous la pluie / L'autre qu'on devinait au détour d'un regard / …  Avec le temps tout s'évanouit…

Avec le temps... / Avec le temps va tout s'en va / Même les plus chouettes souv'nirs … / On oublie les passions et l'on oublie les voix / … Et l'on se sent blanchi comme un cheval fourbu / … Et l'on se sent floué par les années perdues… / Alors vraiment / Avec le temps ... on n'aime plus »

Léo Ferré est également l’auteur d’une autre chanson célèbre « Jolie Môme ».

Autant savoir.

 

 

 

s.

mercredi 8 mars 2023

« Tout va très bien, Madame la Marquise… »

Célèbre chanson créée dans les années trente par les « Collégiens » de Ray Ventura. On raconte qu’en tournée dans la ville de Nîmes, le trio d’artistes ne rencontrait pas beaucoup de succès, l’accueil y était glacial ! Alors, il fallait réagir, le parolier du groupe en une nuit compose cette ritournelle et le lendemain, c’est un triomphe ! Après Nîmes c’est toute la France qui se met à fredonner : « Tout va très bien, Madame la Marquise…On déplore un tout petit rien…un incident, une bêtise… ».


Cela aurait pu en rester là s’il n’y avait eu en 1939 la « drôle de guerre », cette période bizarre : la guerre est déclarée mais rien ne se passe, pas de combat. Le Président du Conseil en France s’appelle Edouard Daladier. Hésitant devant les décisions à prendre, il n’est pas très populaire. Et comme il avait, de notoriété publique, une maîtresse, la Marquise de Crussol, la chanson a été reprise pour le tourner en dérision : « Tout va très bien, Madame la Marquise… ». Il sera contraint de démissionner en mars 1940 !

Autant savoir.

samedi 4 mars 2023

Les Basques en Amérique

Sont-ils arrivés en Amérique avant Christophe Colomb ? Impossible d’en être certain mais c’est tout à fait plausible !

Au Moyen-Age, les Basques pêchaient dans le golfe de Gascogne la baleine, pour sa graisse utilisée dans les moyens d’éclairage de l’époque. Mais le cétacé s’y faisant rare, ils sont allés de plus en plus loin … jusqu’à l’embouchure du fleuve Saint-Laurent. Un document de 1412 atteste qu’ils naviguaient au large du Groenland. Ils ont débarqué à Terre-Neuve en 1517, nous en avons la preuve, mais il est possible qu’ils y aient accosté avant le 1492 de Christophe Colomb. De nombreuses traces de leur présence sont visibles sur l’île de Saint-Pierre-et-Miquelon dont le drapeau reprend leur emblème, l’Ikurriña.

Dans le golfe du Saint-Laurent, on a retrouvé l’épave bien conservée du « San Juan », un baleinier basque et à San Sebastian, au nord de l’Espagne, une copie de ce bateau est en cours de construction.

Les Basques (appelés Vascones par Jules César) sont un peuple très ancien : ils occupaient l’Aquitaine quand les Celtes (les anciens Gaulois) sont arrivés. Leur langue ne ressemble à aucune autre en Europe, son origine est un mystère absolu. Pas étonnant qu’ils la défendent farouchement ainsi que leurs coutumes, leur folklore (le béret, la pelote…), en un mot, leur identité.


Autant savoir.


 

 

jeudi 2 mars 2023

Le feu et la fée

Le « feu », celui des flammes, vient du latin « focus » qui a donné aussi notre foyer. Mais ce mot peut également servir pour faire allusion à un défunt. On parle par exemple de son feu père ou de sa feue mère. Si on le met en avant, alors il est invariable : feu mes parents et feu ma mère. Une tournure passée de mode mais qui se rencontre encore dans la littérature.

Ce terme ne vient pas du focus latin mais de « fatutus » adjectif dérivé de « fatum » le destin. Celui qui est « feu » a accompli son destin sur la terre, il a terminé son existence.




Et bizarrement la fée de nos contes d’enfant est également une évolution de « fatum ». Pourquoi ? Parce que ce personnage fabuleux a des pouvoirs particuliers et peut agir sur la destinée des humains … avant qu’ils ne soient « feus » (avec « s » et non « x », c’est un adjectif !).


Autant savoir.

 

samedi 25 février 2023

Couvre-feu

L’expression existe depuis le Moyen-Age mais à cette époque, sa signification était un peu différente.

En ces temps reculés, les habitations étaient pour la plupart en bois avec toit de chaume, dès lors les incendies étaient nombreux et dévastateurs. Pour prévenir ces catastrophes, les autorités dans les villes obligeaient les habitants à éteindre le soir les feux dans les cheminées ainsi que les torches ou bougies. Et cette mesure était annoncée au son d’une cloche de l’église et contrôlée par le guet circulant dans les rues.


Illustration montrant les gardes faisant appliquer l’extinction des feux au XIème siècle sous Guillaume le Conquérant.

Plutôt que d’éteindre complètement les foyers, beaucoup conservaient les braises pour le lendemain dans un chaudron avec couvercle. C’était cela le couvre-feu.

Autant savoir.

 

 

 

La tour de la vierge

A Zichem en Brabant flamand, se dresse au milieu des champs, non loin de la rivière le Demer, un imposant donjon appelé « De maagdentoren » (La tour de la vierge). C’est tout ce qu’il reste des fortifications d’un château aujourd’hui disparu. Une légende est associée à ce vestige médiéval.

Don Juan d’Autriche, gouverneur des Pays-Bas au XVIème siècle avait une fille Rosita qu’il voulait marier à un beau parti. Mais Rosita est tombée amoureuse d’un simple soldat. Afin de la dissuader, Don Juan demanda l’aide des deux religieuses qui l’avaient éduquée mais sans résultat. Ivre de colère, il fit enfermer dans la tour de Zichem les deux nonnes et Rosita pour la contraindre à lui obéir. Peine perdue, la belle persistait à vouloir son soldat. Alors un matin, les trois recluses ont été jetées ligotées ensemble dans le Demer afin qu’elles aient une mort atroce.

Quelque temps après ce drame, un incendie ravagea la tour et Don Juan a entendu au milieu des flammes, les pleurs et les cris de Rosita. Et depuis ce moment, ces plaintes, ces hurlements n’ont cessé de le hanter. Le soir on le voyait, hagard, pris de remords, errer au pied du donjon...


Comme souvent avec les légendes, il existe des variantes. L’histoire transmise oralement de génération en génération a subi d’inévitables transformations.

Une autre version ne parle pas de Don Juan mais de Renier II de Schoonvorst, le Seigneur de Zichem qui a fait ériger ce donjon en 1383. Il y aurait enfermé sa fille afin qu’elle renonce à son amour pour un roturier. De désespoir, celle-ci se serait jetée dans le vide du haut de la tour. Ici aussi, le père rempli de chagrin, venait chaque soir au pied des sinistres murailles et entendait les lamentations de sa fille.

Un peu différent mais c’est toujours le conflit entre un père autoritaire et une fille à marier qui refuse le choix paternel.is

Autant savoir.

 

mercredi 22 février 2023

Jean-Jacques Goldman « Né en 17 à Leidenstadt »




« Et si j’étais né en 17 à Leidenstadt / Sur les ruines d’un champ de bataille / Aurais-je été meilleur ou pire que ces gens / Si j’avais été Allemand ? »

C’est le refrain d’une chanson composée par Jean-Jacques Goldman pour le trio qu’il formait avec Michael Jones et Carole Frederickx. Le texte fait référence à la montée du nazisme en Allemagne après la défaite de 14-18 et pose la question à chacun d’entre nous : aurions-nous agi différemment de la majorité des Allemands si nous étions nés dans ce pays à cette époque ? Cette interrogation prend tout son sens dans la bouche de ces trois interprètes d’origines différentes.

Goldman est Français d’un père juif et d’une mère allemande, Jones est Gallois et Frederickx est noire américaine. Nous sommes tous conditionnés par notre naissance… Le comprendre c’est le début de la tolérance qui permet le vivre ensemble.

Cela fait penser à une chanson de Maxime Le Forestier : « On choisit pas ses parents / On choisit pas sa famille / On choisit pas non plus / les trottoirs de Manille / De Paris ou d'Alger / Pour apprendre à marcher / Être né quelque part / Pour celui qui est né / C'est toujours un hasard… »

PS : Leidenstadt est une ville imaginaire, le mot est une contraction de « Leiden » (souffrir) et de « stadt » (ville).

Autant savoir.

 

 

samedi 18 février 2023

Passer l'arme à gauche


C’est bien sûr mourir, dit en mode dérision. Plusieurs explications sont données quant à son origine, mais aucune n’est vraiment probante.


La première est médiévale : dans les châteaux forts, les escaliers étaient souvent en colimaçon, un moyen de défense contre les assaillants et ces escaliers tournaient vers la droite. Les agresseurs souvent droitiers en montant devaient manipuler leur épée de la main gauche, ils étaient défavorisés par rapport à leurs adversaires qui pouvaient garder leur arme à droite. C’était une situation périlleuse, un danger de mort.

Une deuxième est déjà plus convaincante : au début des armes à feu, quand le fantassin lors d’un affrontement devait recharger son fusil, il le tenait à gauche pour introduire la poudre avec la main droite. C’était une opération longue et risquée, il était à ce moment très vulnérable…

Et voici la troisième : cette locution viendrait des honneurs rendus lors des funérailles militaires. En signe d’hommage et de respect pour le défunt mort au combat, les soldats placent leur arme à gauche, canon pointé vers le sol.

A chacun de choisir ! En tout cas, la gauche depuis l’Antiquité a toujours eu une connotation négative : cela se disait « sinister » en latin qui a donné « sinistre » en français ! Et quand on se lève du pied gauche, c’est que la journée ne sera pas bonne…


Autant savoir.

jeudi 16 février 2023

Tabac et nicotine

Le 28 octobre 1492, Christophe Colomb débarque à Cuba et rencontre des indigènes « avec à la main un tison d’herbes pour prendre leurs fumigations ainsi qu’ils en ont coutume », écrit-il dans son journal de bord. C’était du tabac. Dans sa caravelle, il en a ramené quelques plants en Europe dont les feuilles ont d’abord été considérées comme un remède.







Gravure du XVIème siècle montrant des Amérindiens fumant du tabac


C’est la reine de France Catherine de Médicis (1519-1589) qui est sans doute la principale responsable de l’addiction au tabac dans nos contrées. Son ambassadeur au Portugal, Jean Nicot (>nicotine) lui en avait rapporté pour soigner les migraines de son fils, le futur roi François II. Mais la reine goûta à cette herbe et tomba sous son charme. Elle en parla à la Cour et bientôt tous les nobles se sont mis à fumer, priser, chiquer. Les bourgeois les imiteront et les gens du peuple adopteront la pipe, la bouffarde… Le début du tabagisme.

Appelé tout d’abord « l’herbe à la Reine », le tabac a été baptisé par les naturalistes « herba nicotiana » dès 1570 en référence à Jean Nicot. Le terme sera repris sous la forme « nicotiana tabacum » par Carl von Linné (1707-1778), dans sa célèbre nomenclature des plantes, toujours utilisée de nos jours. C’est ainsi que le produit addictif du tabac est devenu la nicotine.

Autant savoir.

 

  

dimanche 12 février 2023

Barricade

Le mot « barricade » vient de « barrique », le fût, le tonneau. Dans les villes de jadis aux ruelles étroites, les émeutiers pour construire des obstacles, prenaient ce qu’ils avaient sous la main et notamment les barriques vides qui servaient de tables dans les tavernes et estaminets. C’était volumineux, facile à installer et on pouvait s’abriter derrière pour éviter les tirs de mousquetons. On faisait un barrage avec des barriques, d’où le terme barricade.


C’est dans un but d’embellissement de Paris mais aussi pour empêcher l’installation de barricades que le baron Haussmann sur ordre de Napoléon III a fait raser des quartiers entiers pour ouvrir les larges boulevards que nous connaissons aujourd’hui. Sur ces artères, la troupe pouvait se déplacer aisément et disperser les éventuels manifestants.

En ancien français, on avait aussi le verbe « barriquer » qui signifiait fermer une porte avec une barre, se barricader en quelque sorte. Et si la porte était mal protégée, on était « mal barriqué » devenu « mal barré » (=en position délicate).


Autant savoir.

 

vendredi 10 février 2023

Le Belge qui a fondé New-York

En 1626 la presqu’île de Manhattan est achetée par la Compagnie des Indes Néerlandaises à la tribu des Algonquins pour la somme de 60 Florins agrémentés de quelques verroteries. L’auteur de cette transaction s’appelle Pierre Minuit. Pendant longtemps, on a cru qu’il était le fils d’un censier d’Ohain, localité au sud de Bruxelles, où il a d’ailleurs une avenue. On a même prétendu qu’il avait baptisé Manhattan « La Nouvelle Ohain » !

Les historiens actuels ont mis à mal cette théorie : pas de trace d’un Pierre Minuit dans les archives du Brabant ! En fait, sa famille viendrait de Tournai mais comme ils étaient protestants, ils ont fui la région où sévissait l’Inquisition catholique. C’est à Wesel en Allemagne qu’il est né en 1580.




Plaque commémorative à New York placée à l'endroit où selon la légende Pierre Minuit a acheté Manhattan en 1626. C’était sous un grand tulipier. L’arbre a été longtemps soigneusement entretenu mais il est mort en 1938 et a été remplacé par ce bloc rocheux.


Parti outre-Atlantique, Pierre Minuit devient pour le compte des Pays-Bas gouverneur de New-Amsterdam qui sera rebaptisée New-York par les Anglais. Il développe cette implantation avec l’aide de nombreux ressortissants de nos régions, élève des fortifications, mais en 1631, accusé d’avoir violé une indigène, il est destitué de son poste. Après quelques années au service des colons suédois, il veut regagner l’Europe en 1638 mais il disparaît dans le naufrage de son bateau dans les Antilles.

 Un peu d’étymologie : Wall Street = la rue du mur construit par Pierre Minuit. Broadway = Brood weg, la rue du pain par laquelle on acheminait les céréales (ou Brede weg, la rue large ?). Yankee = Jan Kaas, surnom moqueur donné aux colons des Pays-Bas par les Anglais.

 PS : Sur les anciens paquets de cigarettes Peter Stuyvesant, on trouve la mention : « Peter Stuyvesant fondateur de New-York ». Une fausse indication : il a bien sûr été à la tête de la Nouvelle Hollande mais n’est arrivé en Amérique qu’en 1647, 20 ans après la transaction de Pierre Minuit.

Autant savoir.

mercredi 8 février 2023

Mon œil !



Ce n’est pas vrai, tu racontes une bêtise, « mon œil ! ».

Cela vient tout simplement de « mon œil n’a rien vu », il n’y a donc rien de vrai dans tout ce que tu dis, ce sont des bobards…

Le mot œil se retrouve dans pas mal d’expressions en français : se mettre le doigt dans l’œil, tourner de l’œil, garder un œil sur quelque chose, avoir quelqu’un à l’œil, avoir l’œil à tout, un coup d’œil, voir d’un bon (ou mauvais) œil, faire de l’œil, regarder à l’œil nu, se rincer l’œil, être bon pied bon œil, œil pour œil dent pour dent, dormir d’un œil, ne pas fermer l’œil, obéir au doigt et à l’œil, manger ou boire à l’œil… etc.

Cette dernière tournure « manger ou boire à l’œil » signifiait autrefois faire crédit en se fiant à l’apparence, à ce que l’œil voyait ! Mais comme l’intéressé ne payait pas souvent sa dette, le sens a évolué vers le gratuitement.

Autant savoir.

 

samedi 4 février 2023

L’île Vas-t’y frotte

Drôle de nom pour cette île mosane située en amont du Grognon à Namur. Selon les pilotes du bateau touristique « La Namourette », cela vient de l’idylle entre Don Juan d’Autriche et la reine Margot qui s’y seraient « frottés » lors d’un bal en 1577 sur cette île.

Cette amusante explication pseudo-historique est évidemment farfelue même s’il y a bien eu un banquet avec la reine Margot lors de l’arrivée à Namur de Don Juan envoyé par Philippe II pour reconquérir nos régions révoltées contre les Espagnols.

Sur les cartes du XVIIème siècle, l’île porte différents noms : « à Velaine », « de La Plante » ou « d’Amée ». Sur un plan du siège de Namur (1691), on trouve « Isle de Vastifrotte ». Plus tard, c’est orthographié « Vas-tî-frotte » puis « Vas-t’y frotte ». D’où cela vient-il ? Probablement un toponyme déformé par le parler wallon des habitants du lieu : vaste îlot ? Un diminutif de « vastière » (autrefois une prairie) ?  Vase ou vaisseau qui flotte ? Mystère linguistique ! En tout cas, à la Belle Epoque, c’est un lieu de loisir avec un restaurant « Au Robinson » qui servait des fritures de poisson.

En 1911, l’île a accueilli le premier camp scout en Belgique avec la présence de Baden Powell. Par la suite, elle deviendra un domaine militaire, terrain d’exercices pour le Génie, avant d’être classée réserve naturelle avec de nombreux hérons cendrés et une colonie de grands cormorans.








L'île Vas-t'y frotte


Autant savoir.

 

jeudi 2 février 2023

Les Wallons du Wisconsin

Parti d’Anvers le 17 mai 1853, le trois-mâts américain, le « Quinnebaug », accoste à Long Island (New-York) le 6 juillet avec à son bord 81 ressortissants belges venant de la région de Grez-Doiceau en Wallonie et une centaine de Hollandais. La traversée de l’Atlantique a duré 50 jours, il y a eu deux décès !

Ce sont les passagers hollandais qui ont persuadé ces migrants belges d’aller dans la région des Grands Lacs. Il leur faudra plusieurs semaines pour atteindre le lac Michigan. En septembre 1853, ils s’installent à Green Bay. Des 81 du départ, ils ne sont plus que 46. Les autres se sont arrêtés en chemin mais plusieurs les rejoindront par la suite.

La région était pourtant inhospitalière, couverte de forêts, très peu de terres cultivables. Il a fallu défricher. Les premières années ont été rudes pour ces pionniers, mais avec le bois coupé, ils ont fabriqué des bardeaux pour toitures, c’est devenu leur spécialité. Ainsi peu à peu, la colonie s’est développée et a attiré de nouveaux arrivants de Belgique : ils étaient plus de 10.000 en 1860.

(Source : « From Grez-Doiceau to Wisconsin » de Jean Ducat)


A Grez-Doiceau, s’est créée une association « Wallonie-Wisconsin ASBL » pour entretenir des contacts avec les descendants de ces Belges devenus Américains mais qui n’oublient pas le pays de leurs ancêtres. Des noms de localité dans le Wisconsin sont là pour rappeler l’origine belge : Namur, Brussels, Rosière(s), Champion…  Et à Grez-Doiceau, il y a une rue du Wisconsin.


Mémorial aux immigrants belges à Namur, ville du Wisconsin.

Autant savoir.

 

dimanche 29 janvier 2023

Ecole buissonnière

 


Dans son « Dictionnaire universel » paru en 1690, Antoine Furetière en donne une définition amusante : «L’école est appelée buissonnière lorsqu’on la fréquente si peu que les ronces et les buissons y naissent». Explication farfelue mais cela veut quand même dire que l’expression faisait partie du langage courant au XVIIème siècle.

Elle était déjà utilisée aux siècles précédents pour des écoles clandestines : des maîtres enseignaient secrètement dans les campagnes en se cachant … pour ne pas payer de redevances ! Par la suite, les protestants ont fait de même : leur religion étant proscrite, ils se réunissaient dans les sous-bois pour les offices et prêches à leurs adeptes. C’était leur école buissonnière

Jadis, on était donc loin de la signification actuelle, sécher les cours. Bien au contraire, on voulait s’instruire en se cachant dans les bocages, mais avec le temps, l’aspect bucolique l’a emporté et on a vu dans cette sortie champêtre une partie de plaisir, une façon d’échapper à une obligation…

 Autres expressions ayant un sens voisin : aller quelque part par le chemin des écoliers ou prendre la clé des champs !

Autant savoir.

 

vendredi 27 janvier 2023

Ciao


Un peu partout dans le monde, on se salue familièrement d’un « ciao ». Le mot vient de l’italien « schiavo » (esclave) une réduction de « Sono vostro schiavo » (Je suis votre esclave) qui a une origine vénitienne : cela voulait dire qu’on était prêt à aider l’autre. C’est l’équivalent de la formule de politesse française « A votre service » qui se disait autrefois « Serviteur » ou parfois « Service », comme dans les pièces de Molière ou de Marivaux.

Dans la correspondance de jadis, on finissait les missives par un « Je suis votre serviteur » ou même « votre très humble et très obéissant serviteur ». Cette littérature nous paraît maintenant bien surannée !

Autant savoir.

 

 

 

lundi 23 janvier 2023

Il Silenzio



Cette magnifique partition à la trompette mondialement connue date de 1965. Elle est due à l’italien Nini Rosso. Elle fait un peu penser au « Last Post » des militaires qui est joué au clairon en hommage aux soldats tombés au front, et notamment chaque soir depuis l’Armistice, à Ypres au Mémorial de Menin, un hommage quotidien aux victimes de la guerre 14-18.

« Il Silenzio » c’est un peu l’équivalent version civile, mais avec une mélodie différente conçue pour la trompette et non pour le clairon. Cette composition musicale est souvent reprise lors des cérémonies de funérailles, son thème mélancolique suscite immanquablement le recueillement : en l’entendant, on ne peut que penser à tous les proches qui viennent de nous quitter…

Voici la saisissante interprétation d’une jeune fille, à la trompette bien sûr, elle avait 17 ans au moment de l’enregistrement. Pour l’écouter :

https://www.bing.com/videos/search?q=il+silenzio+trompette&docid=608001017017336615&mid=FBB2E9F3EC05DF852184FBB2E9F3EC05DF852184&view=detail&FORM=VIRE

Autant savoir.

 

dimanche 22 janvier 2023

« Frère Jacques, Frère Jacques, dormez-vous ? … Sonnez les matines… »

 


Cette chanson enfantine fait allusion à la vie dans les abbayes. Un frère sonnait les cloches sept fois par jour pour appeler les moines à la prière et la première fois, c’était à 3h du matin : les matines. L’angélus se fera entendre une deuxième fois à 6h pour les laudes ou la prime : c’est la première heure, le réveil de la communauté.

A 9h, sonne la tierce, la troisième heure puis à 12h la sexte (qui donnera notre sieste). 15h est appelée la none : c’est de là que vient le mot anglais « afternoon » (= après la neuvième heure). Le terme « nonne » (la sœur, la religieuse) a une origine différente < « nonna », la mère en latin.

18h ce sont les vêpres du grec « hespera », le soir et enfin les complies à 21h du latin « complere » achever, la fin du jour, la nuit commence.

Ce sont les sept temps de prière qui rythment la vie des religieux cloîtrés et en plus il faut encore placer la messe quotidienne. « Ora et labora » (= Prie et travaille) telle est la devise des Bénédictins, mais les moines tout à leurs dévotions avaient peu de temps pour travailler, ils étaient heureusement secondés par les frères dits « convers » ou « lais » qui étaient chargés du labeur manuel… dont faisait partie la sonnerie des cloches de notre chanson.

PS : Un frère lai, c’est un frère laïc, qui n’est pas prêtre. Le mot est dérivé du grec « laïkos » (= qui fait partie du peuple) et donc peu instruit par opposition à clerc, un membre du clergé, un lettré qui détient le savoir ! Quant à convers, il signifie simplement converti.


Autant savoir.

 

mardi 17 janvier 2023

Le Puy du Fou

Le célèbre complexe historique dont les spectacles retracent l’histoire de la Vendée porte un nom étrange : « Le Puy du Fou ». D’où vient cette appellation ? Gilles de Rais, le compagnon de Jeanne d’Arc, a vécu dans la région, au château de Tiffauges, et y est devenu un véritable Barbe-bleue à la fin de sa vie : il a été accusé d’avoir séquestré, abusé et torturé des enfants. Devenu fou, les aurait-il jetés dans un puits ? Serait-ce là l’origine de ce nom ?

Eh bien pas du tout. Le « Puy », c’est un mont, une colline…On retrouve le même mot dans le Puy-de-Dôme, la chaîne des Puys en Auvergne. Dans le Bordelais, le terme est devenu « Pey » qu’on retrouve dans beaucoup de lieux-dits ou d’appellations de crus (ex : Pey Bonhomme).

Et le « Fou » est un vocable qui vient de l’ancien français, c’était le nom du hêtre (< fagus en latin). On retrouve cette racine dans les fruits de cet arbre, les faînes.

Le Puy du Fou, c’est tout simplement la colline du hêtre.

Autant savoir.

 

samedi 14 janvier 2023

La « Mignonne » du Château de Talcy

A l’ouest d’Orléans, à quelques encablures de la Loire, se dresse le château de Talcy. Modeste manoir en comparaison de Chambord, Chenonceau ou Cheverny, mais cette gentilhommière a laissé son empreinte dans la littérature française. C’est là qu’a vécu la fille de Bernard Salviati, la belle Cassandre, célébrée par Pierre de Ronsard (1524-1585) surnommé « le prince des poètes » :

La « Mignonne » de la rose, c’est elle ! Voici le texte avec l’orthographe de l’époque.  

Mignonne, allons voir si la rose / Qui ce matin avoit desclose / Sa robe de pourpre au soleil, / A point perdu ceste vesprée / Les plis de sa robe pourprée, / Et son teint au vostre pareil.

Las ! voyez comme en peu d’espace, / Mignonne, elle a dessus la place / Las ! las ses beautez laissé cheoir ! / Ô vrayment marastre Nature, / Puis qu’une telle fleur ne dure / Que du matin jusques au soir!

Donc, si vous me croyez, mignonne, / Tandis que vostre âge fleuronne / En sa plus verte nouveauté, / Cueillez, cueillez vostre jeunesse / Comme à ceste fleur la vieillesse / Fera ternir vostre beauté.

Dans un autre poème toujours dédié à Cassandre, Ronsard a écrit ces deux alexandrins qui ont traversé les siècles sans prendre une ride :

 Vivez si m’en croyez, n’attendez à demain / Cueillez dès aujourd’hui les roses de la vie.

 Dans la famille Salviati, il y a eu une autre muse de poète : la nièce de Cassandre dont s’est épris Agrippa d’Aubigné qui a écrit pour « sa beauté divine » plus de six mille vers. Et ce n’est pas tout, la fille de Cassandre épousera Guillaume de Musset, un ancêtre direct d’Alfred de Musset !

Talcy, un château dédié à la poésie.








Château de Talcy

Autant savoir.

 

Les trois statues "Pis" de Bruxelles

Le Manneken-Pis est mondialement connu. Cette amusante statuette de 50 cm de haut est un peu l’emblème du Bruxelles gouailleur et populaire...