vendredi 12 août 2022

Défi climatique.

Extrait d’un article de Bruno Colmant paru dans « La Libre » du 10 août 2022 :

« Chaque jour me rend plus inquiet car nous sommes devant des silences qui précèdent les grands périls (…) La révolution industrielle a conduit, surtout depuis les années 1970, à engager les humains dans une course frénétique et narcissique à la croissance et à la possession (…) Nous avons aspiré le futur de la planète au travers de sa surexploitation (…) La planète exténuée va rendre les humains encore plus furieux des déséquilibres et des raréfactions qu’elle impose (…) Nous ne pouvons plus dissocier économie et écologie car l’avidité de l’enrichissement entraîne le saccage de la nature (...) Le capitalisme néolibéral n’est plus compatible avec le défi climatique.»

Bruno Colmant est un économiste réputé, membre de l’Académie Royale de Belgique, et ancien CEO de la banque d’affaires Degroof-Petercam … il sait donc ce que c’est le capitalisme néolibéral…

Et l’article se termine avec une citation de René Dumont, le premier candidat écologiste à la Présidence française, qui, en 1974, face aux caméras de la télévision, disait : « Je bois devant vous un verre d’eau précieuse puisque, avant la fin du siècle, si nous continuons un tel débordement, elle manquera. »


Autant savoir.

 

mercredi 10 août 2022

La Palice et les lapalissades

Il s’appelait Jacques de Chabannes, duc de La Palice, maréchal de France, mort au combat à Pavie dans une bataille en 1525 perdue par le roi François 1er (qui y sera fait prisonnier par Charles-Quint). Ses proches ont voulu l’honorer avec une épitaphe :

« Hélas, La Palice est mort / Il est mort devant Pavie / Hélas, s’il n’était pas mort / Il ferait encore envie »

Mais un malicieux a repris dans une chanson satirique l’épitaphe, en changeant le dernier vers :

« Hélas, s’il n’était pas mort, il serait encore en vie ».

Et voilà l’origine des « lapalissades », des affirmations tellement évidentes qu’elles en deviennent ridicules, des truismes … La Palice n’y est vraiment pour rien, c’est une injustice que Victor Hugo lui-même a dénoncée :

« Un soldat naît en France, s’y couvre de gloire, y devient maréchal, s’illustre sous trois rois et se fait tuer à Pavie… Vous dites son nom, La Palice, et vous voyez apparaître un imbécile. »

Mais peine perdue… De génération en génération, on continuera à se gausser de ce preux gentilhomme.


Autant savoir.

 

samedi 6 août 2022

Cuistax

 


A la côte belge, impossible de les rater, ils sont partout sur la digue. C’est une sorte de buggy avec plusieurs jeux de pédales et qui fait le bonheur des grands comme des petits. Les premiers exemplaires sont apparus dans les années d’après-guerre, ils étaient assez semblables à ceux d’aujourd’hui à un détail près : ils avaient une sorte de carénage qui cachait les jambes des occupants. Pudeur de l’époque oblige !

Depuis lors, montrer ses jambes n’est plus tabou, et selon certains, le belgicisme « cuistax » parfois orthographié « cuissetax » viendrait de là : il faut de bons muscles pour les faire avancer ces engins, de bonnes cuisses qui sont maintenant bien visibles, les passants peuvent profiter du spectacle !

Mais il y a une autre explication étymologique : les francophones auraient déformé le mot flamand « kusttaxi », le taxi de la côte ! C’est vrai qu’on est « aan de kust », en Flandre, et qu’on y parle le néerlandais…

Les Français ont sur leurs lieux de villégiature des cycles similaires qu’ils appellent, on ne sait pourquoi, des « rosalies » : terme affectueux qui serait une référence à une Rosalie ? Quoiqu’il en soit, notre « cuistax » est bien plus pittoresque !

Autant savoir.

 

 

mercredi 3 août 2022

Ours mal léché

On pensait autrefois que l’ourson à la naissance n’était pas complètement formé et qu’il fallait que la mère lèche abondamment son petit pour achever sa formation. Cela vient sans doute du fait que l’ourse a une gestation assez courte, deux mois seulement avant de mettre bas. D’où le sens actuel, c’est un individu peu raffiné, qui manque d’éducation, de bonnes manières.

Cette croyance remonte à l’antiquité, elle sera reprise par Rabelais qui écrit dans son « Gargantua » (1534) : « L’ourse à force de lécher son petit le met en perfection ». Par la suite, « ours mal léché » deviendra une expression du langage courant reprise par exemple dans la fable « Le paysan du Danube » de Jean de La Fontaine.

Située sur la Meuse entre Namur et Huy, la ville d’Andenne est appelée la cité de l’ours. On y trouve une très ancienne fontaine : Charles Martel en 700 y aurait tué un ours qui terrorisait la population. C’est ce Charles Martel qui arrêtera les Sarrazins à Poitiers en 732. Il était le petit-fils de Sainte Begge qui a fondé à Andenne un monastère à l’origine de la ville. Chaque année s’y tient le carnaval des ours, et les habitants sont surnommés les oursons.


L'ourse et l'ourson à Andenne.

Autant savoir.

lundi 1 août 2022

Bière IPA

La bière est à la mode et certaines marques se disent « IPA ». Que veut dire ce sigle et d’où vient-il ?

Ce sont les initiales de « India Pale Ale », le Pale Ale des Indes anglaises. Durant la colonisation, les Britanniques en poste en Inde importaient leur bière de la métropole. Mais le temps de transport par bateau était long et à l’arrivée, souvent ce breuvage avait perdu de ses qualités d’origine. Alors les brasseurs d’outre-Manche ont trouvé la parade : augmenter la dose de houblon pour aider à la conservation et éliminer les bactéries. Avec comme conséquence, une amertume en bouche plus marquée que dans une « Ale » normale.

Une bière dite IPA est une blonde (Pale) très houblonnée et donc avec un degré d’amertume élevé. Ses qualités gustatives dépendent de la variété de houblon utilisée.









Culture de houblon

Une bière produite en Ardenne s’appelle « Lupulus » qui signifie houblon en latin, mais aussi « petit loup » d’où la tête de loup sur les étiquettes. Parmi les « IPA », c’est un des plus amères.


Autant savoir.

jeudi 28 juillet 2022

Couteau suisse

 


Son appellation d’origine est le « couteau d’officier suisse et de sport » et son brevet a été déposé par Karl Elsener en 1897. Il comportait deux lames, une grande et une petite servant aussi de lime, un tire-bouchon, un ouvre-boîte, un poinçon et un tournevis. Dans les années 1920, l’acier inoxydable a été inventé et bien sûr utilisé pour ce canif et c’est depuis lors qu’il est fabriqué sous le label « Victorinox » une contraction de « Victoria », prénom de la mère d’Elsener et « inox ».

Ce couteau était bien sûr destiné à l’armée helvète qui en disposait déjà en 1891, avant le dépôt du brevet. Au départ, il était noir, son design changera en 1909 avec la couleur rouge et la croix blanche.  

Après la deuxième guerre mondiale, le « Swiss Army Knife » est devenu un cadeau-souvenir distribué par les soldats américains en Europe, ce qui a contribué à sa notoriété. Le modèle présenté en illustration comporte 33 outils, mais loin du record détenu par le « Wenger 1699 » qui en a 87 ! Evidemment, ça devient un peu lourd dans la poche…

De façon imagée, on dira d’une personne polyvalente ou d’une activité, d’un objet à facettes multiples que c’est un couteau suisse. Par exemple, le décathlon est le couteau suisse de l’athlétisme. Il y a aussi bien sûr aussi notre smartphone avec ses innombrables applications.


Autant savoir.

samedi 23 juillet 2022

Rater le coche

Rappelez-vous la fable de La Fontaine « Le coche et la mouche » restée célèbre dans le langage courant avec « faire la mouche du coche », s’agiter beaucoup sans vraiment être utile.

« Dans un chemin montant, sablonneux, malaisé, / Et de tous côtés au soleil exposé / Six forts chevaux tiraient un coche … / Une mouche survient, et des chevaux s’approche / Prétend les animer par son bourdonnement / Pique l’un, pique l’autre, et pense à tout moment / Qu’elle fait aller la machine… »

Le coche c’était une grosse voiture tirée par des chevaux, conduite par un « cocher » et qui passait par des « portes cochères ». C’était l’autobus d’autrefois dont il ne fallait pas rater le départ sous peine de devoir attendre … longtemps ; d’où le sens figuré de l’expression : manquer une belle occasion.


                                    Le coche et la mouche, illustration de Gustave Doré (1832-1883)

Jadis, il y avait aussi les coches d’eau, ces bacs qui permettaient de traverser une rivière ou un fleuve, les ponts étaient moins nombreux qu’aujourd’hui et évidemment, c’était important d’être à temps pour le passage sur l’autre rive. Notre expression vient aussi de là.

Remarque pour ceux qui aiment l’étymologie : les deux « coche » n’ont pas la même origine. Selon les linguistes, celui sur roues viendrait de l’allemand « Kutsche » du nom d’un important relais de Poste tandis que le fluvial serait une évolution du mot latin « caudica », une embarcation, un canot.


Autant savoir.

 

vendredi 22 juillet 2022

Pleurer comme une Madeleine

Dans l’évangile, Marie de Magdala appelée souvent Marie-Madeleine, se jette aux pieds de Jésus en les arrosant de ses larmes ; cette ancienne prostituée lui confesse ses péchés et, ayant obtenu son pardon, essuie les pieds du Christ avec sa chevelure. Elle deviendra une de ses adeptes et le suivra jusqu’à sa crucifixion sur le Golgotha … où, sans doute, elle a de nouveau versé beaucoup de larmes. Voilà pourquoi on dit « pleurer comme une Madeleine ». C’est pleurer « à chaudes larmes » ou « toutes les larmes de son corps » ou encore « comme une fontaine ».








Marie-Madeleine, détail d’un tableau de Philippe de Champaigne (1602-1674)

Dans « A la recherche du temps perdu » de Proust (1871-1922), l’auteur se remémore son passé en mangeant une madeleine. La saveur de ce petit gâteau mou lui rappelle un épisode de son enfance. Passage célèbre, c’est la madeleine de Proust : « Je portai à mes lèvres une cuillerée du thé où j'avais laissé s'amollir un morceau de madeleine. Mais à l'instant même où la gorgée mêlée des miettes du gâteau toucha mon palais, je tressaillis, attentif à ce qui se passait d'extraordinaire en moi. Un plaisir délicieux m'avait envahi, isolé, sans la notion de sa cause (…) Et tout d'un coup le souvenir m'est apparu. Ce goût c'était celui du petit morceau de madeleine que le dimanche matin à Combray, quand j'allais lui dire bonjour dans sa chambre, ma tante Léonie m'offrait après l'avoir trempé dans son infusion de thé ou de tilleul… »


Certains disent que ce gâteau s’appelle ainsi parce qu’il fond dans la bouche comme Marie-Madeleine fondait en larmes … à moins que ce soit dû au prénom d’une cuisinière, Madeleine Paulmier, qui au XVIIIème siècle aurait inventé la recette.

Autant savoir.

mardi 19 juillet 2022

Être blackboulé

C’est être évincé sans ménagement, c’est voir sa candidature refusée à un poste, à une élection.

Cette tournure nous vient directement d’Angleterre avec ses cercles privés. Il n’a jamais été facile d’être admis dans ces clubs, il faut être parrainé et surtout être accepté par la majorité des membres qui procèdent à un vote.

Jadis, cela se faisait à l’aide de boules à déposer dans une urne : la blanche c’était favorable mais la noire (black) signifiait un refus. S’il y avait plus de noires que de blanches, on était alors « blackboulé » !









Autant savoir.

 

dimanche 17 juillet 2022

Jeu de cartes

Notre jeu de cartes à jouer est apparu en Europe à la fin du XIVème siècle. Il venait d’Orient, probablement de l’Inde, et a connu très vite un succès fulgurent au point que l’Eglise a condamné ce divertissement qui détournait les fidèles de la pratique religieuse : des autodafés de cartes ont même été organisés notamment à Bologne en 1423 et à Nuremberg en 1452 !

Sans que l’on sache vraiment pourquoi, il présente d’étranges similitudes avec le calendrier.

Le jeu compte 52 cartes, tout comme le nombre de semaines en une année et ces cartes sont réparties en 4 couleurs (as, pique, carreau, trèfle) qui rappellent les 4 saisons. Il y a aussi les personnages (4 valets, 4 dames, 4 rois) qui sont 12 comme les mois de l’année. Enfin, si l’on additionne tous les points du jeu, on arrive à 364 et il y a le joker pour faire les 365 du cycle annuel et même un deuxième pour les 366 des années bissextiles !


Autant savoir.

  

jeudi 14 juillet 2022

LU et son Petit-Beurre

Ce biscuit archicélèbre existe depuis 1886, il a été créé par une famille nantaise les Lefèvre-Utile dont les initiales ont donné la marque LU. Au début du XXème siècle, leur usine à Nantes est un modèle du genre : tout est fabriqué, emballé sur place par un bon millier d’ouvriers qui, c’est novateur, sont intéressés aux bénéfices de l’entreprise et jouissent d’avantages sociaux. Ce sera un succès commercial qui perdurera jusqu’à nos jours. Voyez les rayons de nos grandes surfaces, LU est partout, l’entreprise est maintenant propriété du groupe Kraft, mais le Petit-Beurre traditionnel est toujours là !

Il n’a pas changé depuis tant d’années : un biscuit rectangulaire entouré de 52 dents comme les 52 semaines de l’année, de grandes oreilles aux 4 coins, les 4 saisons, 24 petites perforations, les 24 heures de la journée. C’est voulu et symbolique, le Petit-Beurre se mange à toute heure et toute l’année !


On connaît le bon mot attribué à Sarah Bernhardt : « Je ne trouve rien de meilleur qu’un petit LU. Oh si ! Deux petits LU ».

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lundi 11 juillet 2022

La Lorelei

 « Et la vague engloutit bientôt / Le batelier et son bateau…

C'est ce qu'a fait au soir couchant / La Lorelei avec son chant ».

 Ainsi se termine le poème publié en 1824 par l’écrivain allemand Henrich Heinen qui, comme beaucoup d’artistes, a été inspiré par la célèbre légende de la Lorelei

En amont de Coblence, le Rhin a dû creuser son lit dans les montagnes, le cours est sinueux, le courant est violent et l’on dit que l’écho entre les falaises s’y répète sept fois. Jadis, ce passage était périlleux pour les mariniers. Selon la légende, Lorelei est une belle jeune fille aux cheveux d’or qui, assise sur un rocher, chante magnifiquement. Les navigateurs envoûtés en oublient la dangerosité du fleuve et sont entraînés sur les récifs.

 C’est le mythe des sirènes d’Ulysse, version germanique.


                      La Lorelei, statue sur une île du Rhin à Sankt-Goarshausen

Le rocher de la Lorelei se trouve entre Bingen et Coblence, dans cette vallée aux multiples châteaux, le « Rhin romantique » classé au patrimoine mondial de l’UNESCO.

 Autant savoir.

samedi 9 juillet 2022

Généalogie

« Nous descendons tous d’un roi et d’un pendu » écrivait La Bruyère au XVIIème siècle, et c’est bien vrai. Si vous partez à la recherche de vos ancêtres, vous trouverez certainement de nobles personnages mais aussi d’autres moins recommandables.


La généalogie, une passion à la mode que maintenant grâce à la numérisation, on peut faire depuis son ordinateur. Plus besoin d’aller aux archives pour consulter les microfilms des Mormons. Tout est à portée de clic… du moins pour nos lointains aïeux, ceux qui sont nés il y a plus de 100 ans. Pour les parents plus récents, il faut faire appel à sa mémoire ou interroger les membres de sa famille.

Les registres d’état civil permettent de remonter jusqu’à 1800. Pour aller au-delà, il y a heureusement les registres paroissiaux, ces listes de baptêmes et décès tenus par les curés de paroisse. Les plus anciens datent du XVIème siècle. Pour les siècles précédents, il faut fouiller dans les documents du passé et les généalogies tenues par les familles de la noblesse.

Travail ardu mais passionnant. En construisant l’arbre familial, on préserve le souvenir de ceux qui nous ont précédés et on a l’impression de « ressusciter » des personnes dont plus personne ne se souvient. Si votre ascendance vous intéresse, consultez le site www.geneanet.org qui regroupe le travail de nombreux généalogistes (dont le mien, pseudo « piaggio »)

« Oublier ses ancêtres, c’est être un ruisseau sans source, un arbre sans racine » (Proverbe chinois)

Autant savoir.

 

jeudi 7 juillet 2022

Péage et payer



Les péages se sont multipliés sur les autoroutes et chaque fois, il faut ouvrir son portefeuille ou sortir sa carte bancaire. Alors tout naturellement on pense que le mot « péage » est lié au verbe « payer ». Eh bien non ! C’est un dérivé du latin « pes, pedis » (= le pied) qui veut dire littéralement, le droit de mettre le pied, le droit d’entrer…

Au Moyen Age, les péages étaient nombreux, il y en avait partout : pour passer un pont, emprunter un chemin, traverser un territoire ; c’est ainsi que les seigneurs locaux garnissaient leur escarcelle…

Quant au verbe « payer », il vient directement du latin « pacare » qui voulait dire pacifier, faire la paix. On trouve dans ce mot la racine « pax », la paix. Quand on s’acquitte d’une dette, on évite en effet un conflit, on fait la paix !

Autant savoir.

 

mardi 5 juillet 2022

Copains comme cochons



Ils sont bien sympas ces deux compères de la photo mais l’expression « copains comme cochons » qu’on utilise pour des amis inséparables, n’a rien à voir avec les animaux de la ferme ! Le mot « cochon » ici est une déformation du terme aujourd’hui disparu « soçon » venant du latin « socius » qu’on peut traduire par associé ou partenaire.

Copain a la même étymologie que compagnon : la préposition latine « cum » (=avec) suivie de « panis » (=pain). C’est à l’origine celui avec lequel on partage du pain.

Avec son camarade, on ne partage pas le pain mais la chambre. Ce terme était réservé jadis au domaine militaire, aux casernes : on appelait ainsi un compagnon d’armes qui logeait dans la même chambrée (la « camara »).

Quant à compère, il peut avoir un sens équivalent mais aussi désigner une personne avec laquelle on a fait une plaisanterie ou un mauvais coup. Le terme a pourtant une très belle origine : le compère, c’était celui qui accompagnait le père (cum + pater), c’est-à-dire le parrain d’un enfant. Pour la marraine, on disait « commère » qui a pris un sens un peu péjoratif : une femme qui colporte les ragots.

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samedi 2 juillet 2022

Soixante-dix ou septante ?

Pour comprendre comment on en est arrivé en France à dire soixante-dix, soixante-et-onze, soixante-douze…il faut se remettre dans la peau d’un enfant qui essaie de compter jusqu’à cent. Le saut des dizaines n’est pas facile…Jusqu’à cinquante, soixante, ça va, mais plus loin c’est plus compliqué et on est tenté de dire « soixante-neuf, soixante-dix, soixante-et-onze … ».  Les petits Français ont, semble-t-il, eu plus de mal que les Belges ou les Suisses car cette « erreur » est passée dans le langage courant dans l’Hexagone.

Mais problème, après soixante-dix-neuf, il aurait fallu dire soixante-vingt, mais là, la vieille habitude des Gaulois qui comptaient par vingtaines, a repris le dessus, c’est devenu quatre-vingts et puis on est reparti sur cette base jusqu’à cent et c’est ainsi que l’on dit quatre-vingt-dix et non nonante. Cette façon alambiquée de compter a été officialisée en 1650 par le grammairien Vaugelas dans ses « Observations sur la langue française ».

Finalement, ce sont les Suisses qui savent le mieux calculer avec leurs septante, huitante ou octante et nonante…

Le mot « septante » existe pourtant bien dans le vocabulaire français : c’est la traduction en grec de l’Ancien Testament qui avait été écrit en hébreux et en araméen. Cette traduction date du IIIème siècle avant JC et, selon la tradition, elle serait l’œuvre de 72 traducteurs … et est dénommée « la Septante » : pour ce document, les Français ont oublié leur « soixante-dix » !


                                                              La Septante

Autant savoir.

  

mercredi 29 juin 2022

Canicule



La canicule signifie littéralement « la petite chienne », on retrouve dans le mot la racine latine « canis » (chien).

Les Anciens appelaient « canicule » une étoile de la constellation du « Grand Chien », maintenant on la nomme « Sirius » (= ardent en grec). Cette étoile, la plus brillante dans la nuit et la plus proche du système solaire, a la particularité de se lever en même temps que le soleil du 22 juillet au 23 août (elle est visible à l’aube) ; c’est donc l’étoile de la chaleur !

Au premier siècle de notre ère, Pline l'Ancien écrivait : « Quant à la Canicule, qui ignore que, se levant, elle allume l'ardeur du soleil ? »

Et bizarrement, pour du mauvais temps, on dira que c’est un « temps de chien » !

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mardi 28 juin 2022

Drame de Meensel-Kiezegem



Meensel-Kiezegem, deux villages fusionnés du Brabant flamand, ont été le théâtre d’un épisode tragique de la deuxième guerre mondiale. Le 30 juillet 1944, Gaston Merckx, un collaborateur des Nazis, membre de la « Vlaamse Wacht » y est abattu par des résistants. En représailles, les SS fusillent trois habitants puis les jours suivants, vont de maison en maison dans ces deux localités et arrêtent tous les adultes masculins. 70 d’entre eux seront envoyés dans un camp de concentration en Allemagne, la plupart n’en reviendront pas.

Ce drame a endeuillé de nombreuses familles de la région et à la libération, le nom Merckx y a été l’objet d’opprobre et de suspicion. C’est probablement pour échapper à ce malaise qu’un lointain parent de Gaston, Jules Merckx, pourtant nullement sympathisant des Nazis, a décidé de quitter son village avec son épouse et leur tout jeune fils Eddy le futur champion cycliste. Jules qui était menuisier à Meensel-Kiezegem a changé de métier et a ouvert une épicerie à Woluwe-Saint-Pierre.

Et c’est ainsi que Eddy Merckx né en 1945 à Meensel-Kiezegem est devenu bruxellois.

 Autant savoir.

dimanche 26 juin 2022

Jeux de mains, jeux de vilains

Au Moyen-Age, les chevaliers, les nobles se battaient souvent en duel ; ils le faisaient quand il s’agissait de venger un affront ou pour régler un différend grave. Mais ils étaient les seuls à pouvoir utiliser l’épée, symbole de leur rang social. Les roturiers, les manants, les gens du peuple n’avaient pas l’usage de ces armes ; en cas de dispute, ils s’expliquaient avec leurs poings, ils en venaient aux mains… d’où l’expression « Jeux de mains, jeux de vilains ».

Le mot « vilain » ici ne veut pas dire méchant ou laid, il est dérivé du « villanus » latin qui qualifiait celui qui travaillait dans une ferme (villa). Par la suite, le sens a évolué vers rustre, aux mœurs grossières, ne se souciant pas de son apparence.

On donne aussi une autre explication à cette tournure qu’on adresse aux enfants qui se chamaillent. Cela viendrait du jeu de paume, l’ancêtre du tennis : les moins nantis n’avaient pas les moyens de s’offrir une raquette, ils jouaient à mains nues… Mais cela semble assez peu plausible, les classes populaires ne devaient pas connaître ce jeu et encore moins le pratiquer.


Autant savoir.

 

vendredi 24 juin 2022

Reine-claude

Dans la première moitié du XVIème siècle, Soliman le Magnifique, Sultan de l’Empire Ottoman, est devenu l’allié du roi de France, François 1er, en guerre avec Charles-Quint. Lors d’échanges de cadeaux entre les souverains, Soliman fit parvenir un plant de prunier à l’épouse de François 1er, la Reine Claude (1499-1524), qui a ainsi donné son nom à ce fruit savoureux.


Claude de France, surnommée « la bonne reine » avait épousé François 1er en 1515 : elle avait 16 ans. Elle mourra à 25 ans après avoir mis au monde 7 enfants !

Autant savoir.

 

Les trois statues "Pis" de Bruxelles

Le Manneken-Pis est mondialement connu. Cette amusante statuette de 50 cm de haut est un peu l’emblème du Bruxelles gouailleur et populaire...