mardi 19 avril 2022

Arobase @ ou la queue de singe



Ce sont les
moines copistes du Moyen-Age qui ont inventé ce sigle. Ils utilisaient ce « a » bizarrement coiffé comme abréviation de la préposition latine « ad ». On retrouve ce graphisme quelques siècles plus tard à la Renaissance dans des textes de transactions commerciales dans plusieurs pays d’Europe. Puis il traverse l’Atlantique et là, il désigne le prix unitaire d’un produit.

Tout naturellement, on le retrouve sur le clavier des anciennes machines à écrire américaines et quand, en 1971, Ray Tomlinson invente le courrier électronique, il a l’idée d’employer le @ pour séparer l’adresse du correspondant et le nom de domaine.

Et c’est ainsi que, sans le savoir, en envoyant nos mails (ou courriels), nous reproduisons le geste de ces copistes d’autrefois.

Un peu de linguistique : arobase est une déformation du mot castillan « arroba » qui était une ancienne mesure de poids (entre 12 et 15 kg suivant les régions) en vigueur en Espagne et au Portugal ainsi que dans leurs colonies.

Les Flamands, plus imaginatifs, appellent ce symbole « apenstaart », la queue de singe. !  C'est vrai que le dessin peut faire penser à la longue queue de l'animal entourant son corps...


Autant savoir.

samedi 16 avril 2022

« Des lendemains qui chantent »

Cette belle expression n’est pas très ancienne, elle date de l’entre-deux-guerres. En 1937, un militant communiste, Paul Vaillant-Couturier, publie un texte qui se termine ainsi : « Nous bâtirons un lendemain qui chante ». Et en 1941, la veille de son exécution par les Allemands, le résistant Gabriel Péri, lui aussi communiste, reprend la formule dans sa lettre d’adieu : « Je vais préparer tout à l’heure des lendemains qui chantent » et c’est ce qui la rendra célèbre.

Par la suite, elle sera souvent utilisée par les mouvements de gauche. François Mitterrand, pendant sa campagne pour la Présidence en 1981 promettait également aux Français « des lendemains qui chantent ».

Depuis lors, l’expression a perdu son caractère politique et on l’utilise communément pour parler d’un avenir qu’on espère meilleur. Alors, en ces temps d’incertitude et de morosité, souhaitons-nous des lendemains qui chantent !


Autant savoir.

 

jeudi 14 avril 2022

Cocu(e)

Ce terme familier, qui désigne le conjoint victime de l’infidélité de son ou sa partenaire, vient du nom de l’oiseau, le coucou dont la femelle, selon les ornithologues, a plusieurs partenaires  et une fois fécondée, elle pond ses œufs dans les nids des autres oiseaux qui les couveront à sa place. Elle n’a donc aucunement besoin du père de sa progéniture, une "femelle libérée" en quelque sorte.

Le mot existe depuis longtemps ; dans l’Ancien Régime, le seigneur d’un fief avait le « droit de cocuage ». Cela ne voulait pas dire qu’il pouvait faire cocus ses sujets, non, mais il pouvait infliger à un homme convaincu d’adultère une amende dont le montant allait pour une moitié au mari trompé, l’autre moitié lui revenant !

Il existe quelques locutions amusantes sur le sujet : « cocu en herbe », c’est celui qui a une épouse un peu trop aguichante, « cocu en gerbe », celui l’est réellement et aussi « cocu et content », expression tirée d’un conte de Boccace en 1350 dans lequel l’intéressé ne se plaint pas de son infortune (comme dans la chanson de Serge Lama).

A noter aussi qu’autrefois, cocu ne s’employait qu’au masculin, les hommes étaient sans doute plus fidèles.

Autant savoir.

 

lundi 11 avril 2022

« Avoir plus d’un tour dans son sac »

Cette expression courante, qui s’applique à un personnage rusé, nous vient du langage judiciaire d’autrefois, quand on utilisait de véritables sacs en toile de jute pour archiver les affaires passées devant les tribunaux.

On les appelait les « sacs à procès » (ou de procès) ; ce sont les ancêtres des boîtes dans lesquelles on consigne dans les greffes tous les éléments du dossier : dépositions, requêtes, pièces à conviction…etc. Et pour qu’ils soient à l’abri des rongeurs, jadis, on pendait ces sacs en hauteur.






Sacs à procès

C’est ainsi qu’on parle d’une affaire pendante (non traitée, en cours, elle est dans le sac qui pend au crochet). Quand elle est proche d’une conclusion, on dira qu’une affaire est dans le sac. Pendant les débats au tribunal, on vide son sac (en sortant toutes les pièces à conviction), c’est souvent un sac d’embrouilles ou un sac à nœuds et si l’avocat parvient pendant sa plaidoirie à utiliser efficacement tous les éléments du dossier, on dira qu’il a plus d’un tour dans son sac !

Autant savoir.


 

samedi 9 avril 2022

Comment détermine-t-on la date de la fête de Pâques ?

C’est le Concile de Nicée en 325 qui a décidé que « Pâques est le dimanche qui suit le 14ème jour de la lune qui atteint cet âge ou immédiatement après ».

Formule bien compliquée ! Pour faire un peu plus simple, on dira que c’est le dimanche qui suit la première pleine lune après l’équinoxe de printemps (21 mars). Pâques c’est la résurrection, le symbole du renouveau. Pour les Anciens qui n’avaient pas d’électricité, la lumière naturelle était diablement importante et pour choisir cette fête, ils ont voulu associer la pleine lune et le début des jours plus longs.

Voici le calcul pour 2022 : dans le mois lunaire de l’équinoxe du printemps, la lune était déjà descendante le 21 mars ; il faut donc attendre le mois lunaire suivant qui commence la nuit du 1er au 2 avril pour avoir la pleine lune (le 14ème jour). C’est le samedi 16, la fête de Pâques est donc célébrée le dimanche suivant, le 17 !

C’est assez tard dans l’année puisque selon la règle ci-dessus, Pâques tombe au plus tôt le 22 mars et au plus tard le 25 avril. L’année prochaine, ce sera le 9 avril, en 2024 le 31 mars, en 2025 le 20 avril…etc.

Etymologie : « Pâques » est dérivé du latin « pascua » qui signifie « nourriture » et qui a donné notre « pâturage » : c’est la fin des privations du carême chrétien. Quant aux pâquerettes, ce sont de petites fleurs qui commencent à éclore à cette époque de l’année.


                            Pâquerettes, anciennement « pasquettes » (les petites fleurs de Pâques).

Autant savoir.

 

mercredi 6 avril 2022

Noms des mois


Pour Jules César, le nouvel an c’était le 1er mars (et non le 1er janvier) et à l’origine, les mois étaient simplement numérotés. Notre mois de mars était donc le premier, il s’appelait « Primus », avril le deuxième « Secundus » …etc. Nous en avons conservé septembre, octobre, novembre, décembre qui étaient respectivement le 7ème, 8ème, 9ème et 10ème mois du calendrier julien, ce qui ne correspond plus à leur classement actuel (septembre est le neuvième mois), mais ces dénominations ont été conservées !

 

Par la suite, on ira chercher dans la mythologie le nom de six autres mois : janvier (Dieu Janus), février (divinité Februa), mars (dieu Mars), avril (Aphrodite), mai (divinité Maïa), juin (Junon).

Jules César se réservera juillet et à l’empereur Auguste, on donnera le mois d’août, tous deux de 31 jours pour mettre ces grands hommes sur un pied d’égalité.

Autant savoir.

 

dimanche 3 avril 2022

« Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne »

Ce manifeste date de 1791, en pleine Révolution Française ; on le doit à Olympe de Gouges, une ardente féministe qui voulait compléter la fameuse « Déclaration des droits de l’homme et du citoyen » de 1789 en prônant l’égalité des sexes et revendiquant l’émancipation féminine. Son article 1er dit : « La femme naît et demeure égale à l’homme en droits ». Elle avait aussi des idées d’avant-garde sur d’autres sujets : elle s’opposait notamment à l’esclavage et à la peine de mort.

Cette déclaration des droits de la femme était adressée à la reine Marie-Antoinette à qui elle demandait de défendre le « sexe malheureux ». Notre Olympe, pourtant démocrate convaincue, a voulu porter secours à Louis XVI lors de son procès et s’opposer à son exécution. Ses prises de position contre Robespierre lui ont valu d’être guillotinée le 3 novembre 1793, quelques jours après celle que ses juges appelaient « la veuve de Louis Capet ».


Voici trois extrais de ses écrits qui reflètent bien sa personnalité :

« Le sang, même celui des coupables, versé avec cruauté et profusion, souille éternellement les révolutions. »

« Un bon impôt sur le luxe effréné ! Ah ! Combien l’humanité applaudirait celui-ci. »

« La femme a le droit de monter sur l’échafaud ; elle doit avoir également le droit de monter à la tribune. »

Olympe de Gouges (1748-1793)


Autant savoir.

 

 

vendredi 1 avril 2022

Grenouille de bénitier

Toutes les églises du monde ont leur bénitier dans lequel les fidèles trempent les doigts puis font le signe de croix en entrant dans l’édifice. Et ce rite chrétien a donné naissance à l’expression « grenouille de bénitier ».

Cela se dit de façon ironique pour une personne particulièrement croyante, souvent une femme à la dévotion extrême, une bigote (mot qui vient de l’anglais « by God »). On la voit sans cesse à l’église, s’en éloigne rarement comme la grenouille ne s’aventure jamais bien loin de sa mare.

Et ce qui est amusant, c’est qu’on trouve dans la Basilique St Paul de Narbonne une grenouille taillée dans le marbre au fond du bénitier. Bizarre ! Est-ce une allusion à notre expression ? En tout cas une légende locale donne une explication :

Saint Paul voulait évangéliser la région de Narbonne, mais a failli se noyer durant son voyage. Il a été sauvé des eaux par une grenouille… qui a élu domicile dans le bénitier de l’église de Narbonne, mais ses coassements gênaient les offices, impossible de la faire taire, alors Saint Paul décida de sévir et la fit pétrifier ! La grenouille se trouve toujours au fond du bénitier.








La grenouille du bénitier de Narbonne

Pour les Allemands et les Anglais, pas question de grenouille, la bigote c’est « une souris d’église » tandis qu’en Espagne, c’est « un rat de sacristie », cela se dit aussi chez nous.

Autant savoir.

dimanche 27 mars 2022

Midinette ou fleur bleue

Une midinette est le nom donné à une jeune-fille simple, un peu frivole et naïve, et qui bien sûr rêve d’amour. Se moquant un peu d’elle-même, la chanteuse Maurane disait : « Je suis une midinette très sentimentale ».

Ce terme qui s’est d’abord appliqué aux ouvrières parisiennes de la mode est une contraction de « midi » et de « dînette ». Ces travailleuses avaient peu de temps libre à midi et devaient se contenter d’une collation rapide et légère, une « dînette ». Et durant ces « repas », elles se distrayaient en se racontant leurs amourettes, leurs désirs, leur petit quotidien. D’où le sens actuel.

Au début du XXème siècle, des ouvrières du textile en France et au Québec ont manifesté pour réclamer de meilleures conditions de travail. C’est ce que la presse a appelé la grève des midinettes.

                                             Grève des midinettes dans la presse en 1917

Ayant un sens proche, il y a l’expression « être fleur bleue » qui nous vient de la littérature allemande : plusieurs écrivains du XIXème siècle célèbrent « die blaue Blume », qui symbolise l’amour idéal, objet d’une quête infinie ! Cette belle formule est passée en français et c’est ainsi qu’une personne romantique, sentimentale est qualifiée de « fleur bleue ».

« Soyez donc fleur bleue… Vous vous faites cueillir ! » (Henri Jeanson)

Autant savoir.

 

 

 

 

vendredi 25 mars 2022

Orange

 La couleur emblématique des Pays-Bas est l’orange et cela vient du nom de la famille royale régnante les Orange-Nassau eux-mêmes descendants de Guillaume le Taciturne, prince d’Orange, le père de la nation batave, qui a secoué le joug espagnol au XVIème siècle.

A cette époque, la ville d’Orange dans le Vaucluse français était rattachée à l’Empire Germanique et c’est ainsi que ce Guillaume pourtant d’origine allemande avait le titre de Prince d’Orange.



La famille royale des Pays-Bas (2014)



Le nom de cette ville ne vient pas du fruit, elle s’appelait « Arausio » à l’époque romaine mais à la Renaissance, le négoce de ces agrumes y était florissant et cela a influencé l’évolution d’Arausio en Orange. En langue occitane, elle s’appelle « Aurenja ».

Quant à l’étymologie du nom du fruit, il faut la chercher dans l’italien « arancia » dérivé de l’arabe « nãrandj ».

« Je maintiendrai », cette maxime de Guillaume le Taciturne, est toujours (en français) la devise nationale du royaume des Pays-Bas… et bien sûr de la ville d’Orange.

             




Blason de la ville d'Orange.



Autant savoir.

mardi 22 mars 2022

Le printemps des poètes

 « Voici donc les longs jours, lumière, amour, délire !

Voici le printemps ! mars, avril au doux sourire,

Mai fleuri, juin brûlant, tous les beaux mois amis ! »

 C’est de l’incontournable Victor Hugo. Un peu de poésie, cela fait du bien dans ce monde violent qui en a tant besoin. Le choix de poèmes sur cette belle saison est infini mais à la verve hugolienne, on peut préférer le langage un peu suranné mais plein de charme de Charles d’Orléans qui, il y a bientôt six siècles, chantait ces quelques vers :             

 « Le temps a laissé son manteau 

De vent, de froidure et de pluie 

Et s’est vêtu de broderies, 

De Soleil luisant, clair et beau.

 

Il n’y a bête, ni oiseau

Qu’en son langage ne chante ou crie

Le temps a laissé son manteau

De vent, de froidure et de pluie.

 

Rivières, fontaines et ruisseaux

Portent en livrée jolie

Gouttes d’argent, d’orfèvrerie

Chacun s’habille de nouveau.

Le temps a laissé son manteau »

 Le printemps (1450) de Charles d’Orléans

 Comme l’écrivait Jacques Prévert, « C’est beau, que dire de plus ?... Très beau ! »

 Autant savoir.

 

dimanche 20 mars 2022

Les vaux de mars.

Les « vaux de mars » : belle expression souvent entendue en Belgique, inconnue des Français qui ne parlent que de giboulées, ces chutes de neige fondantes à la sortie de l’hiver.


Mais comment orthographier ? Vaux, veaux ou vaulx ? Le mot en tout cas vient du verbe latin « vallere » qui signifie tomber et « vaux » peut paraître le plus correct, le pluriel de val comme dans Vaux-sous-Chèvremont, cette localité de la région liégeoise. Quant à « veaux », c’est pour le moins incongru : que viennent faire ces jeunes bovins dans un phénomène météorologique ? « Vaulx » est sans doute fautif mais plus original, on le retrouve dans Vaulx-en-Velin dans l’Hexagone.

Le « bon » français connaît une tournure avec la même racine : « à vau-l’eau » (au fil de l’eau) qui a pris un sens figuré comme dans cette citation de Balzac : « Voilà tous mes plans à vau-l’eau » ; autrement dit : tout est fichu !

Terminons par un dicton pour les jardiniers : « Taille tôt, taille tard, rien ne vaut la taille de mars. »

Autant savoir.

 

vendredi 18 mars 2022

Être sur la sellette

C’est être exposé au jugement d’autrui, à la critique. Cette expression vient du domaine juridique des siècles passés : la sellette en vieux français c’était le tabouret sur lequel, au tribunal, était assis le prévenu face à ses juges. Et ce siège était très bas afin que l’intéressé se sente en position inférieure et inconfortable.







Scène au tribunal d'autrefois


Dans ce mot on retrouve la racine du verbe latin « sedere » (=être assis) qui a donné pas mal de dérivés notamment la selle du cavalier ou du cycliste sans oublier la chaise percée quand on va à la selle !

La sellette, c’était l’ancêtre de notre « banc des accusés », ces accusés qui peuvent être mis au « ban de la société ». Le « ban » ici (sans c !) n’a rien à voir avec un quelconque strapontin. C’est un terme issu de la féodalité et qui désignait au départ la proclamation d’une décision officielle et par extension la région concernée par cette ordonnance (le fief).

On retrouve cette signification dans « les bans de mariage » (une déclaration publique) et « convoquer le ban et l’arrière-ban » (exiger la présence ou l’assistance… jadis de ses vassaux) mais aussi dans « banlieue », la région située à une lieue de la cité et qui dépend de sa juridiction…

Autant savoir.

 

mercredi 16 mars 2022

Paul Deschanel, le Président devenu fou ?

La nuit du 22 au 23 mai 1920, près de Montargis dans le Loiret en France, un cheminot rencontre, marchant sur les voies du chemin de fer, un homme hagard en pyjama se prétendant être le Président de la République. C’était en effet le Président Paul Deschanel qui, pris d’une crise d’angoisse et d’étouffement, avait voulu sortir du train en marche et était tombé sur les rails. Le convoi roulant à faible vitesse, l’infortuné voyageur n’était que légèrement blessé.


Situation cocasse dont s’est emparée la presse. Cet incident rocambolesque a fait la une de tous les journaux et pendant les semaines qui ont suivi, toute la France s’est déchaînée contre ce Président devenu fou, disait-on. Les ragots et « témoignages » ont afflué : on l’aurait vu nager nu dans une pièce d’eau dans le parc de Rambouillet, grimper à un arbre dans le parc de l’Elysée, il aurait signé Napoléon au bas de missives officielles, à Nice il aurait lu deux fois de suite le même discours…

Pris dans l’œil du cyclone médiatique, Paul Deschanel est contraint de démissionner. Mais l’homme avait de la ressource : une fois l’orage passé, il revient à la vie politique, se présente aux élections et est élu sénateur. Après opprobres et railleries, il retrouve la considération du public et même les honneurs. Décédé des suites d’une grippe en 1922, il aura des funérailles nationales.

Autant savoir.

 

lundi 14 mars 2022

Forsythia

Il annonce le retour de la belle saison avec sa floraison d’un jaune éclatant. Très commun aujourd’hui dans nos parcs, il a été importé du Japon au tout début du XIXème siècle et porte le nom du surintendant des jardins de sa Majesté britannique, William Forsyth.


En fait, c’est un professeur de botanique à Copenhague, Martin Vahl, qui a découvert cette plante en 1804 et l’a ainsi baptisée en hommage à son ami, William Forsyth qui venait de décéder. Et c’est ainsi qu’un peu partout dans nos régions, des arbustes colorés de jaune célèbrent au printemps la mémoire de William Forsyth … qui n’y est vraiment pour rien ! La gloire est ainsi faite, parfois bien injuste : plus personne ne se souvient de Martin Vahl.

Comme le chantait Georges Brassens : « Trompettes de la Renommée, vous êtes bien mal embouchées ! »

Autant savoir.

vendredi 11 mars 2022

Heure GMT et fuseaux horaires.

Autrefois, chaque ville ou région avait sa propre heure calculée en fonction de la position du soleil. Pas très pratique évidemment pour les échanges commerciaux ou les voyages.

Ce n’est qu’à la fin du XIXème siècle que le globe a été divisé en 24 fuseaux horaires suivant les méridiens (nord-sud) mais avec des adaptations pour inclure tout le territoire d’un pays dans un même fuseau. Ils sont numérotés en + ou – par rapport à l’heure anglaise devenue la référence dite GMT (Greenwich Mean Time) ou UTC (Temps Universel Coordonné).

« Royal Observatory Greenwich » au sud de Londres.

Au début du XXème siècle, la Belgique et la France se trouvaient dans même fuseau que Londres. Nous avions donc l’heure GMT tandis que l’Allemagne était GMT+1. Mais quand nos pays ont été occupés par les armées nazies, il a fallu se mettre à l’heure allemande et avancer les pendules. En 1945, en bonne logique, on aurait dû retrouver la situation d’avant-guerre, mais nos gouvernants avaient bien d’autres préoccupations et nous avons conservé le décalage d’une heure par rapport à Londres.

Quant au passage de l’heure d’hiver à l’heure d’été, ce sont les Allemands qui ont commencé en 1911 suivis par beaucoup d’autres nations (70 actuellement). Dans nos pays, on a abandonné cette alternance avec la deuxième guerre mondiale pour la reprendre en 1975 lors d’une crise du pétrole. Et elle était remise en cause en 2019 quand le Covid est arrivé…

« L’heure c’est l’heure ; avant l’heure, c’est pas l’heure ; après l’heure, c’est plus l’heure ! »

Autant savoir.

 

mardi 8 mars 2022

Cheval Bayard et les quatre fils Aymon

 


                                    Le cheval Bayard et les quatre fils Aymon à Namur (œuvre d’Olivier Strebelle)

Cette légende médiévale raconte l’histoire de Bayard, un cheval fabuleux créé par un magicien et offert par Charlemagne à Renaud de Montauban, l’aîné des fils Aymon. Mais ce Renaud au cours d’une rixe tue le neveu de l’Empereur. Ce dernier, voulant le punir, le fait pourchasser mais Renaud parvient à s’enfuir et traverser la Meuse avec ses trois frères sur le puissant et insaisissable Bayard.


Selon une version de ce récit, Renaud se serait finalement rendu à Charlemagne qui a voulu éliminer Bayard en le jetant dans la Meuse avec une meule au cou. Mais le cheval est parvenu à nager vers l’autre rive et s’est enfui dans les forêts ardennaises.

 

En grimpant sur les rochers, il a ouvert une énorme crevasse qui a donné le rocher Bayard visible près de Dinant.

 Le rocher Bayard à Dinant

 

En Flandre, la ville de Termonde (Dendermonde) célèbre la légende de Bayard qui aurait franchi l’Escaut (et non la Meuse !) emportant sur son dos les quatre fils Aymon ! Tous les dix ans, un cortège folklorique traverse la cité avec un char représentant Bayard chevauché par quatre frères d’une famille de la région.

Était-ce l’Escaut ou la Meuse ? Encore un sujet de controverse entre Flamands et Wallons …


Autant savoir.

 

dimanche 6 mars 2022

Renvoyer aux calendes grecques ou … à la Saint-Glinglin !

« Renvoyer aux calendes grecques », cela signifie remettre à plus tard, mais sans avoir vraiment l’intention de revenir sur le sujet.

Encore une réminiscence du calendrier Julien, du moins à ses débuts. Du temps de Jules César, on ne parlait pas encore de la semaine de sept jours qui apparaîtra plus tard avec le christianisme. A cette époque, le mois était divisé en trois périodes : les calendes, les ides et les nones. Les Grecs ne connaissaient pas cette subdivision, renvoyer aux calendes grecques, c’est donc renvoyer à une période qui n’existe pas.

Ayant un sens analogue, il y a aussi « la semaine des quatre jeudis » ou « quand les poules auront des dents » ou encore « à la Saint-Glinglin » ! Cette dernière expression fait allusion à une fête religieuse fictive dont le nom tinte comme une cloche : on ne sait pas quand elle sonnera ! Dans Glinglin, sorte d’onomatopée, on retrouve la racine du verbe néerlandais « klinken » (=sonner, tinter).


                                                Vu à Lannion en Bretagne

Autant savoir.

 

vendredi 4 mars 2022

Sainte Nitouche

Inutile de consulter la liste de tous les saints de notre calendrier, Nitouche n’y est pas ! C’est une expression moqueuse pour désigner une femme un peu trop réservée qui fait preuve d’une délicatesse extrême et même de pudibonderie.

La tournure existait déjà en ancien français ; on la retrouve au XVIème siècle, sous la plume du truculent Rabelais dans son Gargantua. A l’origine c’est un jeu de mots bien gaulois, dans sa formulation complète, on disait : « C’est une sainte qui n’y touche pas ! ». 

En fait c’est une référence assez crue à l’acte charnel, et la Sainte-Nitouche, comme la bonne du curé d’Annie Cordy, voudrait bien mais ne peut point


« A la Sainte-Nitouche / Personne ne couche ni touche » (Dicton français)

Autant savoir.

mercredi 2 mars 2022

Paul Eluard « Liberté »


En 1944, des feuillets reprenant ce poème « Liberté » ont été parachutés à des milliers d’exemplaires sur le sol français par des avions britanniques. Ce texte était devenu le symbole de la résistance à l’occupation allemande…. On pourrait l’envoyer en Ukraine !

Et pourtant, l’auteur l’avait écrit initialement pour déclarer son amour à sa compagne et après les vingt strophes scandées par « J’écris ton nom », le dernier mot était « Nusch », celle qu’il aimait et qu’il épousera. A ce moment de la guerre, Eluard se cachait avec d’autres résistants et quelques Juifs dans un asile d’aliénés en Lozère. Ses compagnons le persuadèrent d’en faire un hymne à la liberté et c’est ainsi qu’il remplaça « Nusch » par « Liberté ».

« Sur mes cahiers d'écolier / Sur mon pupitre et les arbres / Sur le sable sur la neige

J'écris ton nom

 Sur les pages lues / Sur toutes les pages blanches / Pierre sang papier ou cendre

J'écris ton nom (…)

 Sur les merveilles des nuits / Sur le pain blanc des journées / Sur les saisons fiancées

J'écris ton nom (…)

 Sur les champs sur l'horizon / Sur les ailes des oiseaux / Et sur le moulin des ombres

J'écris ton nom

 Sur chaque bouffée d'aurore / Sur la mer sur les bateaux / Sur la montagne démente

J'écris ton nom

 Sur la mousse des nuages / Sur les sueurs de l'orage / Sur la pluie épaisse et fade

J'écris ton nom (…)

 Et par le pouvoir d'un mot / Je recommence ma vie / Je suis né pour te connaître /

Pour te nommer 

 LIBERTE »

 Paul Eluard / Poésies et Vérités, 1942

 Autant savoir.

 

Les trois statues "Pis" de Bruxelles

Le Manneken-Pis est mondialement connu. Cette amusante statuette de 50 cm de haut est un peu l’emblème du Bruxelles gouailleur et populaire...