Aznavour chantait :
« Dans
les cafés voisins / Nous étions quelques-uns / Qui attendions la gloire / Et
bien que miséreux / Avec le ventre creux / Nous ne cessions d’y croire / Et
quand quelques bistrots / Contre un bon repas chaud / Nous prenaient une toile
/ Nous récitions des vers / Groupés autour du poêle / en oubliant l’hiver / La
bohème, la bohème / ça voulait dire tu es jolie / La bohème, la bohème
/ Et nous avions tous du génie. »
La bohème dans le langage courant, c’est la vie d’artiste,
de saltimbanque, au hasard des rencontres. Le terme vient d’une région de
Tchéquie où s’étaient réfugiés des nomades originaires de l’Inde, vivant
dans des roulottes qui avaient été chassés de Grèce. Mais au début du XVème
siècle, le roi de Bohème Sigismond 1er a voulu s’en
débarrasser et c’est ainsi que ces gens du voyage sont arrivés en France où
tout naturellement on les a appelés bohémiens. On a vite fait le
rapprochement avec les troupes de comédiens qui allaient de ville en
ville pour leurs spectacles, d’où le sens actuel qu’on retrouve dans la chanson
d’Aznavour.
On les appelle aussi Gitans
(<Egyptiens) parce qu’on croyait qu’ils venaient de ce pays ou Tsiganes
(mot allemand dérivé lui aussi d’Egypte). De façon souvent péjorative, on parle
de Manouches, Roms, Romanichels. Dans ces mots on retrouve la
racine « manus » comme dans « manuels, les gens qui
travaillent de leurs mains.
Le compositeur Franz Liszt, d’origine hongroise, se
sentait proche de ces nomades, il a écrit : « Le
peuple bohémien est étrange, si étrange qu'il ne ressemble à aucun autre, en
aucune chose. Il ne possède ni sol, ni cultes, ni histoire, ni code quelconque.
Il continue d'exister en ne permettant à aucune influence, à aucune volonté, à
aucune persécution, à aucun enseignement, soit de le modifier, soit de le
dissoudre, soit de l'extirper. »