Un peu de poésie, ça fait du bien. Voici un texte simple et beau, seulement trois strophes mais une merveille musicale qui reste dans la mémoire ; il fait partie des « Poèmes saturniens », le premier ouvrage publié en 1866 par Paul Verlaine : il avait 22 ans et était influencé par Baudelaire dont il admirait les « Fleurs du mal » qui avaient fait scandale quelques années plus tôt et avaient été censurées.
Les sanglots longs / Des violons / De l’automne
Blessent mon cœur / D’une langueur / Monotone.
Tout suffocant / Et blême, quand / Sonne l’heure,
Je me souviens / Des
jours anciens / Et je pleure
Et je m’en vais / Au vent mauvais / Qui m’emporte
Deçà, delà, / Pareil à
la / Feuille morte.
Paul Verlaine dans sa jeunesse.
La nuit du 6 juin 1944, pour annoncer à la Résistance
française le débarquement de Normandie, Radio Londres a diffusé ce
message codé : « Les sanglots longs / Des violons / De l’automne …Je
répète… Les sanglots longs / Des violons / De l’automne … Bercent
mon cœur / D’une langueur monotone…Je répète… Bercent mon cœur / D’une
langueur monotone ». A ce moment, la flotte alliée quittait
l’Angleterre pour traverser la Manche.
A noter
que Radio Londres a dit « Bercent mon cœur » au lieu de
« Blessent mon cœur » ; cette altération involontaire sera
souvent répétée par la suite. C’est vrai que « bercent » paraît bien
adapté au rythme lancinant de ce poème.
Autant savoir.
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