samedi 24 août 2024

Anthropophagie au Brésil


En 1747 Jean-Baptiste Ladvocat publie (sous le pseudo « Abbé Vosgien ») un dictionnaire géographique portatif qui répertorie « les royaumes, provinces, duchés, comtés, villes, ports, forteresses des quatre parties du monde ».

A la rubrique « Brésil », on peut lire une description du pays, de sa faune, de sa végétation mais aussi des mœurs de ses habitants. Voici un extrait :

« Ce pays est habité par des Portugais et par un très grand nombre de peuples qui ne leur sont pas soumis. Ces peuples sont sauvages et vont nus (…) Ils font presque toujours la guerre avec leurs voisins. Lorsqu’ils ont un prisonnier, s’il est gras, il est aussitôt mangé ; mais s’il est maigre, on lui donne une fille pour le servir, être sa maîtresse et l’engraisser. Lorsque le jour qu’on doit le tuer et manger est venu, tout le monde est invité à la fête ; on se divertit à boire et danser. Le prisonnier lui-même est de la partie, et bien loin de s’effrayer, il raconte ses exploits et leur fait un long détail de leurs pères, frères ou parents qu’il a rôtis et mangés. Il les défie même (…) Après quoi, on le tue, on le lave, on le rôtit et on le mange, en s’exhortant d’être courageux à la guerre afin d’avoir bonne provision de chair humaine pour les festins. »

Quelques années plus tard, en 1755, en plein siècle dit des Lumières, Jean-Jacques Rousseau publie un essai dans lequel il développe sa théorie du « bon sauvage » : selon lui, l’homme naît naturellement bon, c’est la civilisation qui le pervertit. Notre philosophe avait-il lu cet article du dictionnaire de l’Abbé Vosgien ?  

Autant savoir.

1 commentaire:

  1. Ce récit me fait penser aux "tribus garde-manger" de l'île de Maré en Nouvelle Calédonie, comme il en existait probablement d'autres dans le îles du Pacifique jusqu'au au siècle dernier : un sujet était engraissé dans une cage pour être mangé à l'occasion d'une cérémonie coutumière. A rapprocher peut-être de la coutume papoue de dévorer la cervelle de leurs ennemis vaincus.

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