En 1747 Jean-Baptiste Ladvocat publie (sous le
pseudo « Abbé Vosgien ») un dictionnaire géographique portatif
qui répertorie « les royaumes, provinces, duchés, comtés, villes,
ports, forteresses des quatre parties du monde ».
A la rubrique « Brésil », on peut lire une
description du pays, de sa faune, de sa végétation mais aussi des mœurs de ses
habitants. Voici un extrait :
« Ce pays est habité par des Portugais et
par un très grand nombre de peuples qui ne leur sont pas soumis. Ces peuples
sont sauvages et vont nus (…) Ils font presque toujours la guerre avec leurs
voisins. Lorsqu’ils ont un prisonnier, s’il est gras, il est aussitôt
mangé ; mais s’il est maigre, on lui donne une fille pour le servir, être
sa maîtresse et l’engraisser. Lorsque le jour qu’on doit le tuer et manger
est venu, tout le monde est invité à la fête ; on se divertit à
boire et danser. Le prisonnier lui-même est de la partie, et bien loin
de s’effrayer, il raconte ses exploits et leur fait un long détail de leurs
pères, frères ou parents qu’il a rôtis et mangés. Il les défie même (…) Après
quoi, on le tue, on le lave, on le rôtit et on le mange, en s’exhortant
d’être courageux à la guerre afin d’avoir bonne provision de chair humaine
pour les festins. »
Quelques années plus tard, en 1755, en plein siècle dit des
Lumières, Jean-Jacques Rousseau publie un essai dans lequel il développe
sa théorie du « bon sauvage » : selon lui, l’homme
naît naturellement bon, c’est la civilisation qui le pervertit. Notre
philosophe avait-il lu cet article du dictionnaire de l’Abbé Vosgien ?
Autant savoir.
Ce récit me fait penser aux "tribus garde-manger" de l'île de Maré en Nouvelle Calédonie, comme il en existait probablement d'autres dans le îles du Pacifique jusqu'au au siècle dernier : un sujet était engraissé dans une cage pour être mangé à l'occasion d'une cérémonie coutumière. A rapprocher peut-être de la coutume papoue de dévorer la cervelle de leurs ennemis vaincus.
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