vendredi 30 août 2024

« On n’est pas sorti de l’auberge ! »

Cela signifie « Il reste du travail à faire, des obstacles à surmonter… »

Que vient faire l’auberge là-dedans ? En argot « auberge » veut dire « prison », là où on reçoit le gîte et le couvert. Littéralement, notre expression veut donc dire « Ne pas en avoir fini avec sa détention » et par extension « Ne pas en avoir fini avec les problèmes, les difficultés ».

Mais c’est à partir de l’affaire de l’Auberge rouge que l’expression est devenue populaire. Une affaire criminelle qui a fait grand bruit en France au début des années 1830. Les époux Pierre et Marie Martin tenanciers d’une auberge à Peyrebeille dans l’Allier ont été accusés d’avoir détroussé et occis plusieurs de leurs clients avec l’aide de leur domestique Jean Rochette. On leur a même imputé la disparition de 53 personnes dont ils auraient brûlé les corps dans le four à pain mais faute de preuves, ils ont été finalement condamnés pour un seul assassinat et quatre tentatives. Les trois compères ont été guillotinés en 1833 sur les lieux de leurs crimes et depuis lors, on dit qu’on n’est pas sorti de l’auberge quand on risque de très gros ennuis !


Nos cousins québécois ont une locution équivalente : « on n’est pas sorti du bois ». Sans doute une allusion aux forêts profondes du pays dans lesquelles on peut se perdre…

Autant savoir.

  

mercredi 28 août 2024

Justice d’autrefois

Pendant des siècles, la peine capitale était très répandue et les exécutions ont donné lieu à des spectacles très prisés par la populace : bûchers, pendaisons, crucifixions, écartèlements, décapitations, lapidations, flagellations, pilori…En matière de supplices, l’être humain s’est montré très inventif, il fallait que la peine soit dissuasive.

Parmi ces raffinements sadiques, en voici trois, très en vogue au Moyen-Age :

-          L’estrapade : on dressait une potence haute de plusieurs mètres avec corde et poulie. On hissait le condamné les mains attachées dans le dos, puis on le laissait tomber mais on arrêtait sa chute avant qu’il ne touche le sol afin de désarticuler ses membres. L’opération était répétée jusqu’à l’agonie du malheureux. Parfois, on le suspendait par les pieds.

-          La roue : le supplicié était ligoté sur une roue ; à coups de bâton, on lui fracturait les membres, ensuite on le laissait ainsi exposé aux intempéries, aux rapaces, jusqu’à ce que mort s’en suive.

-          Le pal : le condamné était maintenu assis sur un pieu (le pal) au bout arrondi pour que le supplice soit suffisamment long et le pieu, du fait du poids de l’intéressé(e), pénétrait progressivement dans son corps par l’anus…ou le vagin.


Et nous nous plaignons de notre époque !

Autant savoir.

samedi 24 août 2024

Anthropophagie au Brésil


En 1747 Jean-Baptiste Ladvocat publie (sous le pseudo « Abbé Vosgien ») un dictionnaire géographique portatif qui répertorie « les royaumes, provinces, duchés, comtés, villes, ports, forteresses des quatre parties du monde ».

A la rubrique « Brésil », on peut lire une description du pays, de sa faune, de sa végétation mais aussi des mœurs de ses habitants. Voici un extrait :

« Ce pays est habité par des Portugais et par un très grand nombre de peuples qui ne leur sont pas soumis. Ces peuples sont sauvages et vont nus (…) Ils font presque toujours la guerre avec leurs voisins. Lorsqu’ils ont un prisonnier, s’il est gras, il est aussitôt mangé ; mais s’il est maigre, on lui donne une fille pour le servir, être sa maîtresse et l’engraisser. Lorsque le jour qu’on doit le tuer et manger est venu, tout le monde est invité à la fête ; on se divertit à boire et danser. Le prisonnier lui-même est de la partie, et bien loin de s’effrayer, il raconte ses exploits et leur fait un long détail de leurs pères, frères ou parents qu’il a rôtis et mangés. Il les défie même (…) Après quoi, on le tue, on le lave, on le rôtit et on le mange, en s’exhortant d’être courageux à la guerre afin d’avoir bonne provision de chair humaine pour les festins. »

Quelques années plus tard, en 1755, en plein siècle dit des Lumières, Jean-Jacques Rousseau publie un essai dans lequel il développe sa théorie du « bon sauvage » : selon lui, l’homme naît naturellement bon, c’est la civilisation qui le pervertit. Notre philosophe avait-il lu cet article du dictionnaire de l’Abbé Vosgien ?  

Autant savoir.

mardi 20 août 2024

Branle-bas de combat

Nous sommes à bord d’un navire de guerre d’autrefois, un vaisseau ennemi est en vue… Retentit l’ordre : « Branle-bas de combat ! ». Pour ne pas gêner les manœuvres, il faut vite éliminer tout ce qui encombre le pont ou l’intérieur du vaisseau, les branles sont descendus et rangés : les branles, ce sont les hamacs qui servent de couchage aux matelots, appelés ainsi parce qu’ils se balancent au rythme du roulis et du tangage.

L’expression a quitté le domaine maritime et s’emploie maintenant quand on se prépare à faire face à une situation d’urgence.

On pourrait dire aussi en restant dans le domaine de la marine : « Tout le monde sur le pont ! »

Autant savoir.

 

lundi 19 août 2024

Croix de Lorraine

Pour faire opposition à la croix gammée omniprésente pendant les années d’occupation, il fallait un emblème à la Résistance Française : ce sera la croix de Lorraine, un choix symbolique de De Gaulle en 1940 : cette région, la Lorraine, était redevenue française après la guerre 14-18 et de plus, elle figurait sur le blason du régiment qu’il commandait en 1938.

A la mort du Général, un mémorial a été érigé à Colombey-les-deux-Eglises, c’est une immense croix de 44 mètres de haut, fruit d’une souscription internationale, 67 pays ont participé !

Dans nos églises, on ne voit que la croix latine, le modèle lorrain avec deux traverses horizontales est apparu au IVème siècle lors du règne de l’empereur romain Constantin : la barre du haut plus courte représente l’inscription « INRI » du Golgotha pour « Iesus Nazarenus, Rex iudeorum » (Jésus de Nazareth roi des Juifs). Cet écriteau était habituel pour les suppliciés dans l’empire romain ; il mentionnait le nom du condamné et la raison de son exécution.

Cette croix est utilisée par les Orthodoxes et on la retrouve dans des blasons nobiliaires. Le duc de Lorraine l’avait reprise dans ses armoiries, et après la défaite et la mort en 1477 à Nancy de Charles le Téméraire, elle est devenue le symbole de la Lorraine et a pris ce nom.

Autant savoir.

 

 

 

vendredi 16 août 2024

Sadisme et masochisme

Sadisme, sadique, tout le monde sait que ces termes viennent du sulfureux Marquis de Sade (1740-1814) dont les écrits font l’apologie de la cruauté, ses personnages prennent plaisir à faire souffrir. Tout comme, semble-t-il, le « divin Marquis » lui-même qui à plusieurs reprises sera accusé de  viol et tortures sur de jeunes victimes, ce qui lui vaudra de passer 27 ans de sa vie en prison !

L’origine de masochisme et masochiste est moins connue, ces mots sont dérivés du nom d’un écrivain autrichien, Masoh, un raccourci de Léopold von Sacher-Masoch qui est l’auteur de « La Venus à la fourrure ». Dans ce roman érotique paru en 1870, Séverin est l’amant de Wanda qui pour leurs ébats amoureux dissimule sa nudité sous une fourrure, c’est le fantasme de son partenaire. Mais en contrepartie, elle lui fait subir toutes sortes de brimades, de tortures, d’humiliations et … il aime ça ! C’est un maso !




Roman Polanski a adapté cette histoire au cinéma, son film « La Vénus à la fourrure » a été présenté au festival de Cannes en 2013.

Autant savoir.

 

mardi 13 août 2024

Être à côté de la plaque… ou de ses pompes

« Être à côté de la plaque » c’est faire fausse route, se tromper de sujet, aller droit dans le mur. Cette expression courante voulait dire à l’origine « rater sa cible » pour un tireur dans un stand de tir. Et très naturellement, cela s’est dit ensuite pour quelqu’un dans l’erreur.

Mais certains prétendent que cela viendrait du langage ferroviaire : la plaque étant la pièce mobile dans certaines gares permettant de faire pivoter la locomotive afin de la changer de voie. En cas de fausse manœuvre … c’est à côté de la plaque !

Autre expression familière avec un sens proche : « Marcher à côté de ses pompes ». Ici on n’y est pas du tout mais par manque de concentration ou de réalisme, on est distrait, on fait n’importe quoi. Pour comprendre, il faut s’en référer à l’argot où le mot « pompes » veut dire « chaussures ». C’est vouloir marcher en ayant oublié de se chausser. Ce qu’on entreprend ne peut donc pas fonctionner…


Autant savoir.

vendredi 9 août 2024

« Mein Kampf » d’Adolf Hitler

Le 11 novembre 1923, Adolf Hitler est incarcéré à la suite d’un putsch manqué : il voulait reproduire la marche de Mussolini sur Rome de 1922, mais lui et ses partisans sont arrêtés. Pendant ses 13 mois de détention, il rédigera « Mein Kampf » (Mon Combat), la Bible du nazisme.

Hitler n’avait rien d’un écrivain mais, criblé de dettes, il avait rédigé cet ouvrage en espérant des droits d’auteur. Il déverse dans ce texte toute sa colère, sa rancœur de ne pas avoir été suivi : le sous-titre est d’ailleurs « Eine Abrechnung » (Un règlement de comptes).

Dans ce manifeste, on retrouve pêle-mêle les idées de base du nazisme : le rêve d’une grande Allemagne toute-puissante, la haine du communisme, des Juifs, un racisme exacerbé, mais aussi des digressions autobiographiques, il y a même une théorie de l’art oratoire et l’histoire du parti des travailleurs allemands. C’était tellement confus et indigeste à lire que par la suite, des collaborateurs du Führer le retravailleront pour mettre un peu d’ordre dans ce fatras.

Adolf Hitler est né en Autriche en 1889. N’ayant pas fait d’étude, il se veut artiste peintre mais échoue aux Beaux-Arts. En 1914, il est mobilisé et son rôle dans le conflit est de transmettre les ordres aux régiments. Il est nommé caporal à la suite deux blessures, en 1916 et 1918. Après la guerre, grâce à ses talents d’orateur, il devient porte-parole du DAP, parti des travailleurs. En 1923, c’est le fiasco de sa tentative de coup d’état puis son incarcération. A sa sortie de prison, il est promu dirigeant du NSDAP, le futur parti nazi. De 1929 à 1932, c’est son ascension politique avec sa nomination comme chancelier en 1933 et sa prise du pouvoir en 1934. La suite est bien connue : il mettra le monde à feu et à sang jusqu’à son suicide à Berlin le 30 avril 1945.

Autant savoir.

 

lundi 5 août 2024

Seine ou Yonne ?

« Sous le pont Mirabeau, coule la Seine… » écrivait Apollinaire dans un poème célèbre… mais non, en fait c’est l’Yonne !

En amont de la capitale française, à Montereau, deux rivières se rejoignent. La plus importante, l’Yonne reçoit les eaux d’une rivière au débit inférieur, la Seine et pourtant, contrairement à l’habitude, c’est le nom de la Seine qui s’est imposé pour le fleuve ainsi formé… et cela, depuis la conquête romaine.

Dans sa « Guerre des Gaules », César l’appelle « Sequana », le terme gaulois latinisé. Et toujours selon César, les peuplades de cette région, ce sont les Sequanes.  Ce sont sans doute eux, les responsables de cette anomalie, ce cours d’eau étant la colonne vertébrale de leur territoire.

Quant à la ville de Paris, elle s’appelait Lutèce (Lutetia en latin) jusqu’au IVème siècle, et plus exactement « Lutetia Parisorum » qu’on peut traduire par « Marais des Parisi », la peuplade qui occupait un oppidum sur une île du cours d’eau, probablement l’actuelle île de la cité. Progressivement on a oublié les marécages pour ne plus retenir que le nom des habitants.

Autant savoir.

vendredi 2 août 2024

Sourire

 


Il est magnifique l’ange au sourire de la cathédrale de Reims mais c’est un cas rare dans l’iconographie ancienne. Dans les siècles passés, les représentations de personnages souriants sont vraiment peu nombreuses. Aucun sourire, ni de face ni de profil, dans l’art de l’Egypte ancienne. Rien ou si peu dans la Grèce antique ou dans le monde romain. Avec les tableaux et statues de la chrétienté, ce n’est pas plus gai, le sérieux est de rigueur et dans la peinture académique, pas question de représenter Bonaparte ou un roi souriant.


Quand la photographie est née avec Nadar, les tirés en portrait ont toujours une mine patibulaire. Faut dire que le temps de pose était long ! Sur les vieilles photos de famille à l’occasion d’une noce ou d’un baptême, ils ont tous une tête d’enterrement ! Et pourtant le sourire est le propre de l’homme.

                                             Une photo de famille de 1930, pas un sourire...

Autant savoir.

 

 

Les trois statues "Pis" de Bruxelles

Le Manneken-Pis est mondialement connu. Cette amusante statuette de 50 cm de haut est un peu l’emblème du Bruxelles gouailleur et populaire...