jeudi 28 mars 2024

La chasse aux œufs

Tous les clochers des églises font silence dans la deuxième partie de la semaine qui précède Pâques. Plus question de sonnerie de cloches à partir du Jeudi Saint : un signe de recueillement, de pénitence pour les fidèles en souvenir de la passion du Christ.

On dit que les cloches s’envolent alors jusqu’à Rome pour recevoir la bénédiction papale. Et quand le Pape les aura bénies, elles reviendront dans les villes et villages pour carillonner et annoncer la fête de la Résurrection.


Mais en passant au-dessus des jardins, elles laisseront tomber des œufs que les enfants devront trouver le lendemain. C’est la chasse aux œufs, une tradition encore bien vivace dans certaines régions. Par le passé, c’étaient des œufs de poule cuits durs, peints et décorés par les parents qui les dissimulaient autour de la maison. Maintenant ils sont bien sûr remplacés par les incontournables œufs en chocolat.


Autant savoir.

dimanche 24 mars 2024

Comment détermine-t-on la date de la fête de Pâques ?

C’est le Concile de Nicée en 325 qui a décidé que « Pâques est le dimanche qui suit le 14ème jour de la lune qui atteint cet âge ou immédiatement après ».

Formule bien compliquée ! Pour faire un peu plus simple, on dira que c’est le dimanche qui suit la première pleine lune après l’équinoxe de printemps (21 mars). Pâques c’est la résurrection, le symbole du renouveau. Pour les Anciens qui n’avaient pas d’électricité, la lumière naturelle était diablement importante et pour choisir cette fête, ils ont voulu associer la pleine lune et le début des jours plus longs.

Voici le calcul pour 2024 : La première pleine lune après l’équinoxe du printemps c’est le lundi 25 mars. Pâques tombera donc le dimanche qui suit, le 31 mars. C’est très tôt dans l’année puisque c’est toujours entre le 22 mars et le 25 avril. En 2025 ce sera le 20 avril.

Etymologie : « Pâques » est dérivé du latin « pascua » qui signifie « nourriture » et qui a donné notre « pâturage » : c’est la fin des privations du carême chrétien. Quant aux pâquerettes, ce sont de petites fleurs qui commencent à éclore à cette époque de l’année.


                                          Pâquerettes, anciennement « pasquettes » (les petites fleurs de Pâques).

Autant savoir.

 

mercredi 20 mars 2024

Meunier, tu dors…

« Meunier, tu dors / Ton moulin va trop vite / Meunier tu dors / Ton moulin va trop fort… »

Cette chanson enfantine rappelle qu’un vent trop violent est dangereux pour les moulins. Et c’est encore vrai pour nos éoliennes. Il faut les désactiver en cas de bourrasque ou tempête. Jadis une cloche tintait à chaque tour des ailes, ce qui permettait au meunier d’être informé sur la vitesse de rotation… sauf s’il dormait comme dans la chanson !

L’occasion de rappeler un classique de la littérature « Les lettres de mon moulin » d’Alphonse Daudet paru en 1866. Ces contes qui fleurent bon la Provence sont pleins de poésie, d’humour, d’une délicieuse fraîcheur. A titre d’exemple, voici comment, au début de l’ouvrage, l’écrivain raconte son installation au moulin :

 « Ce sont les lapins qui ont été étonnés !... Depuis si longtemps qu’ils voyaient la porte du moulin fermée (…) ils avaient fini par croire que la race des meuniers était éteinte (…). Quelqu’un de très étonné aussi, en me voyant, c’est le locataire du premier, un vieux hibou sinistre, à tête de penseur, qui habite le moulin depuis plus de vingt ans (…). N’importe, tel qu’il est, avec ses yeux clignotants et sa mine renfrognée, ce locataire silencieux me plaît encore mieux qu’un autre, et je me suis empressé de lui renouveler son bail… »

Le moulin d’Alphonse Daudet à Fontvieille non loin du massif des Alpilles. C’est là qu’il a trouvé l’inspiration pour ses lettres dont les plus connues sont : « La mule du Pape », « Le curé de Cucugnan », « L’Arlésienne », « La chèvre de Monsieur Seguin »…  

Autant savoir.

 

 

 

  

samedi 16 mars 2024

Coup de grâce

A l’origine, c’est le coup final, mortel qui abrégeait les souffrances du supplicié. Autrefois les exécutions étaient précédées de diverses formes de tortures : les brodequins, le fer rouge, l’eau bouillante, la roue, l’absorption d’eau, l’empalement… Il fallait faire souffrir longtemps avant la mise à mort. Mais parfois le bourreau faisait preuve de mansuétude : par exemple il étranglait le condamné avant qu’il ne soit brûlé vif. C’était une « grâce », une faveur qu’on lui accordait. Il arrivait que les proches paient pour que l'exécuteur abrège les souffrances.

La « question » avec les brodequins qui broient progressivement les jambes (Monument à Abbeville, le supplice du Chevalier de La Barre en 1766). Après ses « aveux », on lui a arraché la langue, il a été ensuite décapité. Il n’a pas bénéficié du coup de grâce.

Avec le temps, l’aspect « humanitaire » de l’expression a été oubliée, on n’a plus retenu que l’issue fatale du geste. Maintenant le coup de grâce c’est ce qui met fin à une situation déjà bien compromise.

Autant savoir.

 

 

mercredi 13 mars 2024

Langue de bois

En politique, le parler vrai est rarement de mise, c’est trop risqué, il convient de s’exprimer dans la ligne du convenable, du politiquement correct… C’est l’insupportable « langue de bois ».

Cette expression nous vient de la Russie tsariste : les moujiks se moquaient des déclarations officielles taxées de « langue de chêne ». Après la révolution bolchevique, la formule restera pour stigmatiser le langage de la classe dirigeante communiste et peu à peu le « chêne » deviendra simplement « bois ». Lors de la guerre froide, l’expression passera le rideau de fer et sera communément employée chez nous.

En France, des plaisanteries circulent sur le sujet : on dit que la langue de bois ferait partie du programme des cours de l’ENA, la haute école de l’administration ; on parle aussi de « Lang(ue) de Blois », allusion au parler suave de Jack Lang, ancien ministre de la Culture et ancien maire de Blois.

« Une bonne interview, c’est celle qui conduit à faire sortir l’interviewé de sa langue de bois. » (Albert Du Roy)

Autant savoir.

lundi 11 mars 2024

Esclave < Slave

Du VIIIème au XIème siècle, pendant 300 ans, des milliers de Slaves des Balkans ont été réduits à l’esclavage par les Germains et les Byzantins. Prague était la plaque tournante de ce trafic d’êtres humains. On castrait les hommes puis on les envoyait via Venise vers les pays musulmans qui recherchaient des eunuques. Quant aux femmes, elles y étaient employées comme domestiques ou confinées dans le harem.

C’est de là que vient le mot esclave (< slave) et on retrouve la même racine dans beaucoup de langues européennes : slave (anglais), sklave (allemand), slaaf (néerlandais), schiavo (italien), esclavo (espagnol), escravo (portugais)…

Tout cela, bien avant l’odieux commerce triangulaire qui déportera des millions d’Africains en Amérique pendant trois siècles, du XVIIème au XIXème, avec un pic au XVIIIème.







Esclave mourant de Michel-Ange (1516)

Plaute (254-184 avant JC), auteur comique et dramaturge latin, écrivait déjà à cette époque : « Homo homini lupus est » (L’homme est un loup pour l’homme).

Autant savoir.

 

jeudi 7 mars 2024

Ramadan

Le 11 mars 2024, débute le Ramadan pour les Musulmans, il dure le temps d’une lunaison, jusqu’au 9 avril : commencé avec l’apparition du premier croissant de lune, il se termine quand le dernier croissant a disparu. C’est une période de jeûne, sans repas du lever au coucher du soleil, une obligation religieuse mais aussi un signe d’appartenance à une communauté.


Avec ce jeûne, les fidèles commémorent la révélation par l’Archange Gabriel à Mahomet des sourates (=versets) du Coran au cours de l’Hégire en 622 après JC devenu l’an 1 des Musulmans. L’Hégire c’est l’exil, Mahomet et ses compagnons doivent quitter La Mecque pour Médine.

Dans le calendrier musulman qui est basé sur les cycles lunaires, nous sommes en l’an 1445. Comme les mois sont de 29 ou 30 jours, l’année en compte une dizaine de moins que dans le calendrier chrétien qui suit le cycle du soleil. Le Ramadan commencera donc en 2025 dix jours plus tôt, le 28 février. C’est toujours le neuvième mois de l’année hégirienne.

Autant savoir.

mardi 5 mars 2024

« Ça compte pour du beurre ! »

Les enfants disent en jouant : « ça compte pour du beurre » : ce n’est pas une vraie partie, un coup pour rien, sans importance. Le beurre ici est considéré comme une denrée de peu de valeur et ce fut le cas pendant longtemps. Dans l’Antiquité et au Moyen-Age, les classes aisées utilisaient l’huile d’olive comme matière grasse en cuisine, le beurre c’était pour les pauvres ou pour enduire les chaussures. Voilà l’origine du mépris pour ce dérivé du lait dans cette locution.

Mais au XIXème siècle, il a acquis ses lettres de noblesse grâce à la pasteurisation qui a permis sa conservation et cela s’est traduit dans de nouvelles expressions qui ont perdu toute connotation péjorative ! « Il fait son beurre » dit-on quand un individu gagne de l’argent, ou « il met du beurre dans ses épinards ». Il y a aussi « vouloir le beurre et l’argent du beurreet le sourire de la crémière » lorsqu’on veut tout sans contrepartie.









La laitière, tableau de Johannes Vermeer (dit de Delft) 1658


Donc selon le contexte et l’époque, le beurre est une chose sans importance ou une denrée recherchée, signe d’abondance.  

Autant savoir.

dimanche 3 mars 2024

Le flamand dans le nord de la France

On parlait le flamand jusqu’à Boulogne-sur-Mer au XIIIème siècle, puis le français a gagné du terrain. La « frontière linguistique », deux siècles plus tard, allait de Calais à Hazebrouck en passant par Saint-Omer. Le flamand a laissé beaucoup de traces dans la toponymie locale avec par exemple Dunkerque (L’église des dunes), Hazebrouck (Le marais aux lièvres), Wissant (Le sable blanc) …etc.

Quant à la ville de Lille, elle a une traduction dans la langue de Vondel : Rijsel ! Cela peut paraître bizarre mais en fait les deux appellations ont la même racine : le latin insula (=île).


A l’origine, la cité qui allait devenir Lille/Rijsel a été bâtie sur une île au milieu des marais de la Deûle. D’où son nom « L’Isle » comme on disait en ancien français.  Mais dans le patois local d’oïl, on disait plutôt « Isel ». A l’époque où la ville faisait partie du Comté de Flandre, on a ajouté la préposition flamande « ter » pour donner « Ter Isel » qui signifie littéralement « A l’île » ou « Sur l’île ». Au cours des siècles, il y a eu contraction en « Risel » et la prononciation des germanophones a fait le reste, c’est devenu « Rijsel ».

Autant savoir.

 

Les trois statues "Pis" de Bruxelles

Le Manneken-Pis est mondialement connu. Cette amusante statuette de 50 cm de haut est un peu l’emblème du Bruxelles gouailleur et populaire...