Dans l’ancien français du XIIème siècle, le verbe « buer » (d’origine germanique) signifiait faire la lessive. La « buée » (en Wallon li bouwée), c’était donc la lessive qui se faisait dans la buanderie. Par extension, le terme a pris le sens de vapeur d’eau, le lavage des vêtements à l’eau bouillante en dégageait beaucoup.
La buée (la lessive), peinture de Vidal Haley, artiste
australienne (1882-1968)
Jadis, dans les châteaux et maisons bourgeoises, la buée avait un caractère rituel : elle durait trois jours qu’on appelait : purgatoire, enfer, paradis. Le premier jour dit purgatoire, on plaçait draps et habits sales dans des cuviers et l’on versait l’eau froide au travers d’un linge entourant de la cendre de bois qui servait de désinfectant : c’était le trempage jusqu’au lendemain. Là c’était l’enfer : il fallait faire bouillir l’eau, la maintenir à température et remuer vigoureusement dans les bassines. Le tout se termine le troisième jour au lavoir : il faut rincer et battre au « battoir » avant le séchage au grand air pour blanchir. Tout est fini, on peut remiser dans les armoires, c’est le paradis !
Ce travail était effectué par des lavandières
(du verbe latin lavare = laver) qui parfumaient le linge avec une
plante odoriférante qu’on a appelé …la lavande. Encore aujourd’hui, on
place des petits sacs de lavande séchée dans les garde-robes…
René Grandjean
RépondreSupprimerLa cendre contenant de la potasse pendant le trempage provoquait une saponification des graisses imprégnant le linge (salissures grasses, sueur,etc.) Cela constituait un prélavage.
Il faut préciser que la cendre utilisée devait être de la cendre de bois.
À cette époque on ne faisait la lessive que cinq ou six fois par an, cela explique la grande quantité de linge qui garnissait les armoires. En attendant le jour de la lessive, on entreposait le linge sale dans des cuvelles en alternant les couches de cendre et
le linge souillé suivant. Le moment venu, on procédait à la lessive comme expliqué.