samedi 25 février 2023

Couvre-feu

L’expression existe depuis le Moyen-Age mais à cette époque, sa signification était un peu différente.

En ces temps reculés, les habitations étaient pour la plupart en bois avec toit de chaume, dès lors les incendies étaient nombreux et dévastateurs. Pour prévenir ces catastrophes, les autorités dans les villes obligeaient les habitants à éteindre le soir les feux dans les cheminées ainsi que les torches ou bougies. Et cette mesure était annoncée au son d’une cloche de l’église et contrôlée par le guet circulant dans les rues.


Illustration montrant les gardes faisant appliquer l’extinction des feux au XIème siècle sous Guillaume le Conquérant.

Plutôt que d’éteindre complètement les foyers, beaucoup conservaient les braises pour le lendemain dans un chaudron avec couvercle. C’était cela le couvre-feu.

Autant savoir.

 

 

 

La tour de la vierge

A Zichem en Brabant flamand, se dresse au milieu des champs, non loin de la rivière le Demer, un imposant donjon appelé « De maagdentoren » (La tour de la vierge). C’est tout ce qu’il reste des fortifications d’un château aujourd’hui disparu. Une légende est associée à ce vestige médiéval.

Don Juan d’Autriche, gouverneur des Pays-Bas au XVIème siècle avait une fille Rosita qu’il voulait marier à un beau parti. Mais Rosita est tombée amoureuse d’un simple soldat. Afin de la dissuader, Don Juan demanda l’aide des deux religieuses qui l’avaient éduquée mais sans résultat. Ivre de colère, il fit enfermer dans la tour de Zichem les deux nonnes et Rosita pour la contraindre à lui obéir. Peine perdue, la belle persistait à vouloir son soldat. Alors un matin, les trois recluses ont été jetées ligotées ensemble dans le Demer afin qu’elles aient une mort atroce.

Quelque temps après ce drame, un incendie ravagea la tour et Don Juan a entendu au milieu des flammes, les pleurs et les cris de Rosita. Et depuis ce moment, ces plaintes, ces hurlements n’ont cessé de le hanter. Le soir on le voyait, hagard, pris de remords, errer au pied du donjon...


Comme souvent avec les légendes, il existe des variantes. L’histoire transmise oralement de génération en génération a subi d’inévitables transformations.

Une autre version ne parle pas de Don Juan mais de Renier II de Schoonvorst, le Seigneur de Zichem qui a fait ériger ce donjon en 1383. Il y aurait enfermé sa fille afin qu’elle renonce à son amour pour un roturier. De désespoir, celle-ci se serait jetée dans le vide du haut de la tour. Ici aussi, le père rempli de chagrin, venait chaque soir au pied des sinistres murailles et entendait les lamentations de sa fille.

Un peu différent mais c’est toujours le conflit entre un père autoritaire et une fille à marier qui refuse le choix paternel.is

Autant savoir.

 

mercredi 22 février 2023

Jean-Jacques Goldman « Né en 17 à Leidenstadt »




« Et si j’étais né en 17 à Leidenstadt / Sur les ruines d’un champ de bataille / Aurais-je été meilleur ou pire que ces gens / Si j’avais été Allemand ? »

C’est le refrain d’une chanson composée par Jean-Jacques Goldman pour le trio qu’il formait avec Michael Jones et Carole Frederickx. Le texte fait référence à la montée du nazisme en Allemagne après la défaite de 14-18 et pose la question à chacun d’entre nous : aurions-nous agi différemment de la majorité des Allemands si nous étions nés dans ce pays à cette époque ? Cette interrogation prend tout son sens dans la bouche de ces trois interprètes d’origines différentes.

Goldman est Français d’un père juif et d’une mère allemande, Jones est Gallois et Frederickx est noire américaine. Nous sommes tous conditionnés par notre naissance… Le comprendre c’est le début de la tolérance qui permet le vivre ensemble.

Cela fait penser à une chanson de Maxime Le Forestier : « On choisit pas ses parents / On choisit pas sa famille / On choisit pas non plus / les trottoirs de Manille / De Paris ou d'Alger / Pour apprendre à marcher / Être né quelque part / Pour celui qui est né / C'est toujours un hasard… »

PS : Leidenstadt est une ville imaginaire, le mot est une contraction de « Leiden » (souffrir) et de « stadt » (ville).

Autant savoir.

 

 

samedi 18 février 2023

Passer l'arme à gauche


C’est bien sûr mourir, dit en mode dérision. Plusieurs explications sont données quant à son origine, mais aucune n’est vraiment probante.


La première est médiévale : dans les châteaux forts, les escaliers étaient souvent en colimaçon, un moyen de défense contre les assaillants et ces escaliers tournaient vers la droite. Les agresseurs souvent droitiers en montant devaient manipuler leur épée de la main gauche, ils étaient défavorisés par rapport à leurs adversaires qui pouvaient garder leur arme à droite. C’était une situation périlleuse, un danger de mort.

Une deuxième est déjà plus convaincante : au début des armes à feu, quand le fantassin lors d’un affrontement devait recharger son fusil, il le tenait à gauche pour introduire la poudre avec la main droite. C’était une opération longue et risquée, il était à ce moment très vulnérable…

Et voici la troisième : cette locution viendrait des honneurs rendus lors des funérailles militaires. En signe d’hommage et de respect pour le défunt mort au combat, les soldats placent leur arme à gauche, canon pointé vers le sol.

A chacun de choisir ! En tout cas, la gauche depuis l’Antiquité a toujours eu une connotation négative : cela se disait « sinister » en latin qui a donné « sinistre » en français ! Et quand on se lève du pied gauche, c’est que la journée ne sera pas bonne…


Autant savoir.

jeudi 16 février 2023

Tabac et nicotine

Le 28 octobre 1492, Christophe Colomb débarque à Cuba et rencontre des indigènes « avec à la main un tison d’herbes pour prendre leurs fumigations ainsi qu’ils en ont coutume », écrit-il dans son journal de bord. C’était du tabac. Dans sa caravelle, il en a ramené quelques plants en Europe dont les feuilles ont d’abord été considérées comme un remède.







Gravure du XVIème siècle montrant des Amérindiens fumant du tabac


C’est la reine de France Catherine de Médicis (1519-1589) qui est sans doute la principale responsable de l’addiction au tabac dans nos contrées. Son ambassadeur au Portugal, Jean Nicot (>nicotine) lui en avait rapporté pour soigner les migraines de son fils, le futur roi François II. Mais la reine goûta à cette herbe et tomba sous son charme. Elle en parla à la Cour et bientôt tous les nobles se sont mis à fumer, priser, chiquer. Les bourgeois les imiteront et les gens du peuple adopteront la pipe, la bouffarde… Le début du tabagisme.

Appelé tout d’abord « l’herbe à la Reine », le tabac a été baptisé par les naturalistes « herba nicotiana » dès 1570 en référence à Jean Nicot. Le terme sera repris sous la forme « nicotiana tabacum » par Carl von Linné (1707-1778), dans sa célèbre nomenclature des plantes, toujours utilisée de nos jours. C’est ainsi que le produit addictif du tabac est devenu la nicotine.

Autant savoir.

 

  

dimanche 12 février 2023

Barricade

Le mot « barricade » vient de « barrique », le fût, le tonneau. Dans les villes de jadis aux ruelles étroites, les émeutiers pour construire des obstacles, prenaient ce qu’ils avaient sous la main et notamment les barriques vides qui servaient de tables dans les tavernes et estaminets. C’était volumineux, facile à installer et on pouvait s’abriter derrière pour éviter les tirs de mousquetons. On faisait un barrage avec des barriques, d’où le terme barricade.


C’est dans un but d’embellissement de Paris mais aussi pour empêcher l’installation de barricades que le baron Haussmann sur ordre de Napoléon III a fait raser des quartiers entiers pour ouvrir les larges boulevards que nous connaissons aujourd’hui. Sur ces artères, la troupe pouvait se déplacer aisément et disperser les éventuels manifestants.

En ancien français, on avait aussi le verbe « barriquer » qui signifiait fermer une porte avec une barre, se barricader en quelque sorte. Et si la porte était mal protégée, on était « mal barriqué » devenu « mal barré » (=en position délicate).


Autant savoir.

 

vendredi 10 février 2023

Le Belge qui a fondé New-York

En 1626 la presqu’île de Manhattan est achetée par la Compagnie des Indes Néerlandaises à la tribu des Algonquins pour la somme de 60 Florins agrémentés de quelques verroteries. L’auteur de cette transaction s’appelle Pierre Minuit. Pendant longtemps, on a cru qu’il était le fils d’un censier d’Ohain, localité au sud de Bruxelles, où il a d’ailleurs une avenue. On a même prétendu qu’il avait baptisé Manhattan « La Nouvelle Ohain » !

Les historiens actuels ont mis à mal cette théorie : pas de trace d’un Pierre Minuit dans les archives du Brabant ! En fait, sa famille viendrait de Tournai mais comme ils étaient protestants, ils ont fui la région où sévissait l’Inquisition catholique. C’est à Wesel en Allemagne qu’il est né en 1580.




Plaque commémorative à New York placée à l'endroit où selon la légende Pierre Minuit a acheté Manhattan en 1626. C’était sous un grand tulipier. L’arbre a été longtemps soigneusement entretenu mais il est mort en 1938 et a été remplacé par ce bloc rocheux.


Parti outre-Atlantique, Pierre Minuit devient pour le compte des Pays-Bas gouverneur de New-Amsterdam qui sera rebaptisée New-York par les Anglais. Il développe cette implantation avec l’aide de nombreux ressortissants de nos régions, élève des fortifications, mais en 1631, accusé d’avoir violé une indigène, il est destitué de son poste. Après quelques années au service des colons suédois, il veut regagner l’Europe en 1638 mais il disparaît dans le naufrage de son bateau dans les Antilles.

 Un peu d’étymologie : Wall Street = la rue du mur construit par Pierre Minuit. Broadway = Brood weg, la rue du pain par laquelle on acheminait les céréales (ou Brede weg, la rue large ?). Yankee = Jan Kaas, surnom moqueur donné aux colons des Pays-Bas par les Anglais.

 PS : Sur les anciens paquets de cigarettes Peter Stuyvesant, on trouve la mention : « Peter Stuyvesant fondateur de New-York ». Une fausse indication : il a bien sûr été à la tête de la Nouvelle Hollande mais n’est arrivé en Amérique qu’en 1647, 20 ans après la transaction de Pierre Minuit.

Autant savoir.

mercredi 8 février 2023

Mon œil !



Ce n’est pas vrai, tu racontes une bêtise, « mon œil ! ».

Cela vient tout simplement de « mon œil n’a rien vu », il n’y a donc rien de vrai dans tout ce que tu dis, ce sont des bobards…

Le mot œil se retrouve dans pas mal d’expressions en français : se mettre le doigt dans l’œil, tourner de l’œil, garder un œil sur quelque chose, avoir quelqu’un à l’œil, avoir l’œil à tout, un coup d’œil, voir d’un bon (ou mauvais) œil, faire de l’œil, regarder à l’œil nu, se rincer l’œil, être bon pied bon œil, œil pour œil dent pour dent, dormir d’un œil, ne pas fermer l’œil, obéir au doigt et à l’œil, manger ou boire à l’œil… etc.

Cette dernière tournure « manger ou boire à l’œil » signifiait autrefois faire crédit en se fiant à l’apparence, à ce que l’œil voyait ! Mais comme l’intéressé ne payait pas souvent sa dette, le sens a évolué vers le gratuitement.

Autant savoir.

 

samedi 4 février 2023

L’île Vas-t’y frotte

Drôle de nom pour cette île mosane située en amont du Grognon à Namur. Selon les pilotes du bateau touristique « La Namourette », cela vient de l’idylle entre Don Juan d’Autriche et la reine Margot qui s’y seraient « frottés » lors d’un bal en 1577 sur cette île.

Cette amusante explication pseudo-historique est évidemment farfelue même s’il y a bien eu un banquet avec la reine Margot lors de l’arrivée à Namur de Don Juan envoyé par Philippe II pour reconquérir nos régions révoltées contre les Espagnols.

Sur les cartes du XVIIème siècle, l’île porte différents noms : « à Velaine », « de La Plante » ou « d’Amée ». Sur un plan du siège de Namur (1691), on trouve « Isle de Vastifrotte ». Plus tard, c’est orthographié « Vas-tî-frotte » puis « Vas-t’y frotte ». D’où cela vient-il ? Probablement un toponyme déformé par le parler wallon des habitants du lieu : vaste îlot ? Un diminutif de « vastière » (autrefois une prairie) ?  Vase ou vaisseau qui flotte ? Mystère linguistique ! En tout cas, à la Belle Epoque, c’est un lieu de loisir avec un restaurant « Au Robinson » qui servait des fritures de poisson.

En 1911, l’île a accueilli le premier camp scout en Belgique avec la présence de Baden Powell. Par la suite, elle deviendra un domaine militaire, terrain d’exercices pour le Génie, avant d’être classée réserve naturelle avec de nombreux hérons cendrés et une colonie de grands cormorans.








L'île Vas-t'y frotte


Autant savoir.

 

jeudi 2 février 2023

Les Wallons du Wisconsin

Parti d’Anvers le 17 mai 1853, le trois-mâts américain, le « Quinnebaug », accoste à Long Island (New-York) le 6 juillet avec à son bord 81 ressortissants belges venant de la région de Grez-Doiceau en Wallonie et une centaine de Hollandais. La traversée de l’Atlantique a duré 50 jours, il y a eu deux décès !

Ce sont les passagers hollandais qui ont persuadé ces migrants belges d’aller dans la région des Grands Lacs. Il leur faudra plusieurs semaines pour atteindre le lac Michigan. En septembre 1853, ils s’installent à Green Bay. Des 81 du départ, ils ne sont plus que 46. Les autres se sont arrêtés en chemin mais plusieurs les rejoindront par la suite.

La région était pourtant inhospitalière, couverte de forêts, très peu de terres cultivables. Il a fallu défricher. Les premières années ont été rudes pour ces pionniers, mais avec le bois coupé, ils ont fabriqué des bardeaux pour toitures, c’est devenu leur spécialité. Ainsi peu à peu, la colonie s’est développée et a attiré de nouveaux arrivants de Belgique : ils étaient plus de 10.000 en 1860.

(Source : « From Grez-Doiceau to Wisconsin » de Jean Ducat)


A Grez-Doiceau, s’est créée une association « Wallonie-Wisconsin ASBL » pour entretenir des contacts avec les descendants de ces Belges devenus Américains mais qui n’oublient pas le pays de leurs ancêtres. Des noms de localité dans le Wisconsin sont là pour rappeler l’origine belge : Namur, Brussels, Rosière(s), Champion…  Et à Grez-Doiceau, il y a une rue du Wisconsin.


Mémorial aux immigrants belges à Namur, ville du Wisconsin.

Autant savoir.

 

Les trois statues "Pis" de Bruxelles

Le Manneken-Pis est mondialement connu. Cette amusante statuette de 50 cm de haut est un peu l’emblème du Bruxelles gouailleur et populaire...